On a tous des chansons qui font rejaillir des souvenirs, des images, un moment… Prieur de la Marne a choisi de les traquer et d’en faire la matière première de son projet en provoquant des rencontres improbables et des accidents heureux. Mélancolique et visionnaire, mystérieux et lumineux, il cultive les paradoxes pour élaborer en secret une arme de séduction massive.
Qu’est ce qui t’a poussé a créer un projet musical centré sur la pop culture au sens large ?
Prieur de la Marne : Un concours de circonstances plus ou moins heureux… Les contingences banales de la vie d’un quadra célibataire de notre époque. Je m’ennuyais beaucoup à cette période. Un jour où j’avais du temps à tuer, j’ai essayé de triturer des morceaux sur mon ordinateur. Puis j’ai eu l’idée d’y mélanger des discours politiques ou des extraits de JT d’anthologie, des choses qui me rappelaient mon enfance. Comme souvent en musique, et plus largement dans toutes les disciplines artistiques, c’est un accident qui est à l’origine d’une création. Le principe des édits de Prieur de la Marne est né comme ça.
J’ai cru entendre dire que même un match de tennis pouvait t’inspirer ?
PM : Oui ! J’étais assigné à résidence le jour où Michael Chang a battu Lendl à Roland Garros. C’était un lundi. Je m’en souviens hyper bien. C’est un des grands moments de télé qui m’ont beaucoup marqué quand j’étais gosse. Ce sont de ces moments-là que j’essaie de parler dans les édits
de Prieur de la Marne. Associer des images à des mélodies… y ajouter un beat le plus sexy possible.
L’érotisme et la sensualité semblent faire partie intégrante de ton univers. C’est aussi ce qui guide tes choix quand tu fais une sélection ?
PM : Ce qui guide mes choix, ce sont mes souvenirs d’adolescence, mes premiers émois ou mes traumatismes… Il se trouve que j’ai eu très tôt des pensées érotiques, devant une pub pour du chocolat notamment. Et puis mon père m’a forcé à regarder des films avec Romy Schneider, Marie-France Pisier ou Annie Duperey… Quand comme moi, on n’aime pas spécialement le métal, on trouve que musique et sensualité font bon ménage. Cette conjugaison guide naturellement mes choix.
J’imagine que tu as une discothèque plutôt imposante. Comment sélectionnes-tu les morceaux que tu playlist et que tu retravailles ?
PM : C’est souvent un coup de bol. Si je cherche dans mes disques, je ne trouve pas le bon morceau à éditer… Alors qu’en errant de manière désordonnée sur des blogs, il m’arrive de tomber sur de purs joyaux que j’aime bien retailler pour mes édits. Ma discothèque est un autel assez poussiéreux que je n’entretiens pas vraiment ces temps-ci. Mais j’ai un rapport très sentimental à l’objet.
Tu accordes un soin particulier au packaging des sorties physiques du projet. Quelle est la place de
l’objet dans la musique en 2015 ?
PM : Très bonne question. L’objet est en train de revenir dans l’estime des auditeurs pop. Ce qu’on essaye de faire avec Alpage sur le coffret Messages personnels, c’est justement un objet attachant. Personnel. J’essaye de le remettre en mains propres à chaque acheteur (dans la mesure du possible), autour d’un verre, en y ajoutant des surprises personnalisées (qui varient en fonction de l’âge mais surtout du sexe de l’acquéreur…). Par exemple, pour les garçons il y a des sous-verres à Cognac avec les disques. Pour les filles j’offre un mouchoir brodé… Pour moi c’est ça la place de l’objet en 2015. Un exemplaire unique et un rapport privilégié avec l’artiste…
Photos : Sylvère H.
https://soundcloud.com/prieurdelamarne