Marianne envoie un rock “engagé” direct et brut de forge qui va droit au brut et produit son petit effet : les compos sont efficaces, la production de bonne facture et la voix rageuse…
Marianne c’est cinq troyens : Alex au chant, David à la guitare, aux solos et aux chœurs, Flo à la batterie et aux chœurs, Sylvain à la basse et aux chœurs, et Thomas à la guitare rythmique. Lorsque l’on sait que leur premier patronyme était « Nom Désiré » et si l’on suppose que « Marianne » est, entre autre, une allusion directe au titre « Ici Paris », on s’attend avec inquiétude à un énième clone de Noir Désir. Car, pour un Eiffel qui a su s’affranchir avec bonheur des comparaisons souvent fallacieuses, combien de Deportivo, Damien Saez, héritier en chef autoproclamé, ou autres Luke, copies conformes en fin de cartouche… Ici, tout en affichant des références revendiquées aux quatre de Bordeaux, Marianne chasse sur d’autres territoires. En effet, si l’on retrouve quelques gimmicks vocaux que n’aurait pas renié Bertrand Cantat, comme l’usage de la voix saturée sur « Je clique donc je suis », ou si les guitares sur « S’enlacer » évoquent indéniablement « Un jour en France », globalement nous sommes loin de la copie servile. Ainsi, Alex et sa diction rageuse, parfois proche du parlé-chanté, est plus proche d’un Bernie Bonvoisin, c’est notamment particulièrement audible sur « Parler de tout et de rien ». Ceci dit, il y a pire comme référence lorsque l’on pratique un rock « engagé ». A cet égard, on sent que Marianne souhaite faire passer un message à travers ses morceaux. Les textes sont travaillés et mis en avant dans les compos. Certes, c’est parfois un peu trop lyrique à mon goût, comme sur « S’enlacer » , mais plutôt réussi sur « Rire à en pleurer » où l’écriture, plus directe, s’éloigne de pseudo-velléités littéraires qui pourraient en afadir le propos. Saluons dans tous les cas la prise de risque inhérente au choix du français, tant l’exercice est délicat en terme de composition. En ce qui concerne la couleur musicale, Marianne envoie un rock direct et brut de forge qui, sans renouveler le genre, va droit au brut et produit son petit effet, les compos sont efficaces et la production de bonne facture. Il subsiste toutefois des faiblesses dans la composition et l’écriture et l’on ressent parfois comme un substrat de rébellion juvénile un peu maladroit. Cela étant, qui se plaindra qu’aujourd’hui quatre musiciens s’essaient à questionner leur époque, le fassent en toute sincérité et avec leurs tripes sur la console ?
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Goran Betineri