Arrivée récemment au poste de directrice de la MJC Calonne, Amélie Rossi Pahon a répondu à notre interview dans laquelle elle retrace son parcours et explique la place des musiques actuelles au sein de la politique culturelle de la Maison de la Jeunesse et de la Culture qu’elle dirige.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?
Je suis une touche à tout et une généraliste de la Culture. Littéraire jusqu’au bout des ongles, je suis née, me semble-t-il, avec un bouquin dans les mains. J’ai lu, et beaucoup relu et ai persévéré jusqu’à intégrer à l’occasion de mes deux premières années d’étude une classe préparatoire littéraire moderne. Le plaisir littéraire s’est vite accompagné de toutes sortes de plaisirs culturels et ce, dès le plus jeune âge : spectacles, concerts, cinéma, musées, lieux patrimoniaux… avec l’envie précoce d’exercer un métier dans le secteur culturel. La MJC Calonne est ma troisième maison, j’ai travaillé auparavant dans des centres culturels qui défendaient des programmations pluridisciplinaires pour tous les publics. Après un Master 2 dans la gestion culturelle, je décroche mon premier emploi avec le statut de fonctionnaire en tant que directrice adjointe du centre culturel François Mitterrand à Lure (Haute-Saône). Au sein d’une équipe réduite (un directeur, une secrétaire administratrice, un régisseur, une
agent d’accueil et d’entretien) je fais, loin de mes attaches amicales et familiales, mes premières armes professionnelles sous la direction d’Eric Nedelec. Même si dans une petite structure, la polyvalence et l’adaptabilité
sont des qualités recherchées ; on me confie plus particulièrement les missions d’accompagnement des publics et des pratiques amateurs, le développement d’un projet d’ateliers d’artistes dans une friche militaire, la communication sous toutes ses formes et le suivi de la programmation culturelle. Je collabore notamment à cette occasion avec l’antenne Haute-Saône de la fédération Hiéro pour l’accompagnement et le développement des musiques actuelles. C’est la direction de l’association « Les Tourelles » qui me permet de revenir dans les Ardennes. Secondée par une équipe de cinq personnes dans un cadre associatif dynamique et original, j’anime le centre culturel, fais vivre et encourage des évènements hors les murs avec quelques principes directeurs à mon action : Culture pour tous et éducation populaire, convivialité, pluridisciplinarité et qualité déclinés sur les principales activités suivantes : une saison pluridisciplinaire de spectacles vivants jeune public, familial et tout public,
un cinéma Art & Essai et son programme d’animations et d’éducation à l’image, un espace d’expositions et des évènements.
Pour vous, quelle doit être la place des musiques actuelles dans les missions d’une maison de la jeunesse et de la culture ?
Pour moi, la place des musiques actuelles est importante au sein des MJC au même titre que les autres disciplines d’ailleurs. L’enjeu « Jeunesse » est clairement au centre de ses problématiques (et des politiques publiques encore
aujourd’hui) et plus évident que pour des programmations de théâtre même si là aussi c’est un vrai enjeu. Dès leurs premiers développements, les actions en faveur des musiques actuelles ont désignées la jeunesse de façon très globale, puis de façon plus ou moins euphémisée, la jeunesse “en difficulté”, (celle “des quartiers”) dont le souci et la reconnaissance des valeurs culturelles propres constituaient les arguments principaux des mesures adoptées
en ce domaine… Il n’y a qu’à voir aujourd’hui le soutien des Cultures urbaines via les politiques de la Ville.
Je défends donc les musiques actuelles qu’on soit jeune ou qu’on le soit un peu ou beaucoup moins… et surtout je défends la pluridisciplinarité… Les cloisonnements et les aprioris entre tel ou tel public (même s’ils existent, il
ne faut pas se leurrer) sont à lever… Il faut au maximum travailler à la circulation des publics.
Votre arrivée au poste de directrice est récente. Malgré tout, avez-vous déjà des projets à court, moyen ou long terme concernant les musiques actuelles ?
Je m’inscris pleinement dans la continuité des actions mises en place par l’ancien directeur Laurent Biston :
– soutien et partage des risques avec l’association « Sapristi !! » à l’occasion des soirées co-organisées ensemble. « Sapristi !! » est une belle association, rodée, dynamique qui œuvre depuis 1994 pour le développement des musiques actuelles. La plupart de ses bénévoles sont issus du sedanais et nombre d’entre eux travaillent aujourd’hui dans le secteur. C’est le cas de David Manceaux, son fondateur, qui est toujours l’âme de cette belle association.
– soutien plus spécifique sur le territoire d’Ardenne métropole aux cultures urbaines via l’action d’un des salariés de la maison, Julien Colinet
Je soutiendrai bien évidemment le projet de SMAC éclatée porté par Ardenne métropole qui, clairement, ouvre des
perspectives pour le sedanais en terme d’accompagnement de groupes locaux et de développement des musiques actuelles.
Quels sont les groupes que vous aimeriez voir sur scène ?
Comme je le disais, j’ai des goûts éclectiques. De Nosfell à Mansfied Tya en passant par l’ardennaise Fishbach,
le rémois Barcella ou encore l’autrichienne Anja Plaschg… Rock, chansons françaises, électro, j’aime me faire surprendre par de fortes personnalités scéniques. Récemment, j’ai écouté avec intérêt Barbara Weldens. Mais je dirais que mes goûts en terme de musiques actuelles importent peu à la MJC puisque la programmation dans ce domaine est assurée depuis toujours, et de belle manière, par l’association « Sapristi !! » dans un savant mélange des genres musicaux et des artistes repérés ou en découverte.
Comment percevez-vous le Polca et son réseau ?
Je le perçois de manière très positive, comme tous les réseaux d’ailleurs de l’ardennais Côté Cour à l’inter-régional
Quintest… Dans nos environnements politiques plus contraints, il est impératif de faire réseau et de mettre en œuvre des coopérations et des partenariats à toutes les échelles. Ce maillage régional, ces espaces physiques de ressources pour les musiques actuelles, véritables interfaces entre artistes, publics, opérateurs et partenaires institutionnels ou associatifs sont essentiels pour le développement et la reconnaissance des musiques actuelles localement et en région.
Selon vous, pourquoi est-ce pertinent pour la MJC Calonne d’être adhérente du Polca et de faire partie du réseau ?
Bénéficier de l’expertise du POLCA tant en matière d’information (prévention risques auditifs, repérages, législations
diverses…) que d’accompagnement de projets est bien évidemment pertinent. Héberger une antenne du Polca, faire partie de son réseau est pour moi très important. J’essayerai à mon humble niveau d’y participer et dans tous les cas d’être attentive à ses travaux et actions.
Crédits photo concert Odezenne : Mickaël Tchak
Crédits photos portrait : J. Delforge