Très peu connu du grand public et souvent mal compris par les artistes, nous allons essayer de mieux comprendre l’activité d’un éditeur musical avec l’interview “Fiche métier” d’Adrien Crupel au sein de Birdcall Publishing.
Prénom / Nom : Adrien Crupel
Age : 31 ans
Structure : Birdcall Publishing
Fonction : A&R
Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?
Adrien : J’ai passé mon adolescence à Francfort, obtenu un bac scientifique, une année de sciences politiques et d’histoire, trois années de droit, une formation de maître-fromager avec un temps en assistant de direction. Puis, j’ai intégré le label Try & Dye pendant 3 ans. J’ai toujours eu des occasions de vivoter dans le milieu musical, en tout cas à Strasbourg. Et j’ai par ailleurs eu la chance de pouvoir faire de l’international en partant en tournée avec un groupe jouant devant plusieurs milliers de personnes tous les soirs. C’est au gré des rencontres lors de ces voyages que j’ai compris clairement que le live et le droit d’auteur sont deux flux économiques essentiels pour les artistes. J’ai alors fait de l’édition une évidence d’une part pour la difficulté éprouvée de générer une économie et d’intégrer un marché avec les autres corps de métier, d’autre part : pour les enjeux révélés par les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
Quel est le rôle d’un éditeur et en quoi consiste ton activité ?
A. : C’est un des plus vieux métier de la musique. Il permet à la musique de circuler par une exploitation graphique de celle-ci : l’écriture des partitions. Aujourd’hui, l’activité d’un éditeur reste la même, en ça qu’il va permettre l’exploitation d’œuvres. Néanmoins, les modes d’exploitations ont évolué depuis quelques siècles, d’autant plus rapidement dans les dernières décennies où tour à tour les modes de consommation et les modèles économiques se réforment, se bousculent pour répondre au comportement des utilisateurs. L’éditeur se doit de comprendre ces mouvements, ces tendances. Nos missions encadrent tout cela : la gestion des droits d’auteurs aux opportunités d’exploitation.
Comment gères-tu la relation avec les artistes ?
A. : Sur mesure et en direct. Cela dépend des artistes : certains t’appellent tous les jours, certains jamais. Tu t’adaptes. Mais rien ne sert de courir après un artiste s’il ne vient naturellement pas vers toi. Cela ne m’empêche pas de penser à eux et quand une opportunité se déclenche, de le solliciter.
Quels sont tes liens que tu entretiens avec les autres acteurs de la filière ?
A. : Bons ! Enfin je l’espère. Dans la continuité de la relation avec les artistes, les liens se créent et se développent en fonction des relations avec les artistes. En effet, plus tu es proches de l’artiste, plus tu es confronté à l’ensemble de son entourage. Par ailleurs,nous sommes résidents de la Plateforme Artefact depuis peu. Ce qui nous permet de nous rapprocher d’artistes et de leur entourage à l’image d’Hermetic Delight et d’October Tone, dont la participation au nouvel album F.A Cult a été une grande fierté pour nous. Aujourd’hui, nous travaillons en direct avec un autre éditeur, Budde Music France, qui a commencé par nous accompagner sur l’écriture des chansons de Caesaria et qui maintenant nous apporte ses conseils plus globalement.
Quelles difficultés as tu identifié dans le cadre des tes fonctions ?
A. : Les méandres de l’administration et les longueurs parfois. Mais un capitaine se doit d’anticiper sa navigation. Il faut simplement ajuster le véhicule !
Qu’est ce que tu apprécies le plus dans ton travail au quotidien ?
A. : L’imprévu et l’inextricable ! Il faut que ce soit simple pour que ça avance. Mais quand c’est compliqué c’est aussi excitant. Comme les casse-têtes ! Il y a toujours quelqu’un qui se présente avec une idée qui va changer nos lendemains. Et il a besoin de musique, cela ne change pas. Du coup, il faut trouver la bonne formule pour lui permettre d’avancer. Cela nécessite beaucoup d’agilité !
Quelles sont les perspectives d’évolutions que tu as pu identifier ?
A. : En ce moment, la plus grosse évolution à venir selon moi va concerner les interprètes. Leur marché, c’est le live. La musique enregistrée aussi mais en moindre mesure par rapport aux auteurs et aux compositeurs. Et en ce moment, il y a peu de place au live. Bien que le XXe a fait apparaitre de plus en plus d’artistes portant les trois casquettes, il n’en reste pas moins que la géographie des espaces multimédia, principaux lieux d’exploitation musicale, n’est pas extensible à l’infini puisqu’elle se délimite autant par un espace temps que dans un espace physique. Et nos temps de consommation des media a beau augmenter, les journées ne font toujours que 24 heures. J’observe ainsi une possible évolution des interprètes se retournant avec plus d’exigence sur leur statut d’auteur et / ou de compositeur. Au final, je ne peux pas prédire ce qu’il en sera, ni ce que deviendra notre métier mais nous sommes dans une perpétuelle course au standard de demain et je dois reconnaître que parfois cela peut-être inquiétant quand on entend comment les chansons sont lissées de tous les côtés. J’aimerais pouvoir l’éviter mais ça ne sera sûrement pas en passant par la grande porte.
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