L’histoire de la musique électronique semble liée, en partie tout du moins, avec la ville de Reims. Et le collectif La Forge est en train d’écrire une nouvelle page de cette histoire à coup de mixtape et de compilations qui rencontrent petit à petit une audience de plus en plus large. Nous leur avons posé quelques questions pour en savoir plus sur cette aventure collective réjouissante.
Comment s’est créé le collectif et quels artistes le composent ?
Remi : A vrai dire, le collectif s’est crée en 2015 d’une manière assez simple et naturelle : un groupe d’une petite dizaine d’amis ayant une passion commune pour la musique électronique avec une envie de pérenniser un certain sens de la fête dans la cité des sacres. Aujourd’hui, nous sommes une quinzaine à soutenir le projet à travers les différents événements que nous organisons et les compilations que nous sortons. Nous avons la chance d’avoir un collectif pluridisciplinaire où différents domaines se rencontrent. La plupart des membres sont Djs : Nathan Zahef, Emir, Sophie Dumont, Numa, Cinza, 2MH, Skiss, Marin ; certains d’entre eux sont également producteurs : Lebird, Nigm, Indigo Persona, Slowglide, Shonen Bat, Ayuji ; d’autres sont graphistes ou encore artistes plasticiens. Cela nous permet de travailler sur nos projets en autonomie.
Même si vous n’êtes pas sur la même esthétique, est-ce que l’histoire des musiques électroniques rémoises a eu une influence sur vous ?
R. : Le collectif étant constitué de personnes d’horizons musicaux et d’âges différents, nous n’avons pas tous eu le même rapport à cette scène rémoise avant de nous connaître. Toutefois, on peut noter un fait : autrefois occupée principalement par ces gros artistes que l’on connaît bien, à savoir Brodinski, Yuksek ou encore The Shoes, elle a par la suite donné place à un sentiment de vide qui était à combler, pas uniquement par nous d’ailleurs, mais également par les autres collectifs avec qui nous travaillons depuis plusieurs années. Nous partageons un héritage commun lié à cette scène électronique rémoise, du reste l’esthétique est en effet très différente de la notre. Bien qu’étant eux aussi DJs, ces artistes ont rapidement revendiqué une image très « pop » dans laquelle on ne s’identifie pas forcément. C’est de toute évidence une caractéristique de cette période french touch qui les a vu naître. Un gap générationnel donc, qui se constate d’une part dans la nature de la proposition artistique, mais aussi dans l’exposition au public ; nous construisons notre projet à l’heure où internet nous plonge dans une nébuleuse d’artistes, de créateurs, de collectifs tous plus talentueux les uns que les autres et foisonnant au jour le jour. Aujourd’hui, tu peux apprendre du jour au lendemain que ta petite cousine ou ton collègue de bureau s’est découvert une vocation de DJ (rires) ! C’est chouette en soit, mais du coup il faut se rendre à l’évidence qu’il y a 15 ans, être DJ avait quelque chose de bien plus exotique qu’aujourd’hui, et les artistes rémois de cette génération ne faisaient pas du tout face aux mêmes problématiques.
Comment se passe l’intégration de nouveaux membres du collectif ? Est-ce que vous avez repéré des Dj susceptibles de rejoindre la team ?
R. : À la base, c’est une histoire de potes et on aimerait que ça le reste ! Nous formions déjà un bon noyau auquel se sont naturellement greffés Nathan Zahef ainsi que Lebird. Puis, nous avons accueilli nos deux compères Slowglide et Shonen Bat après la dissolution de leur collectif Vapeur en 2018. Sophie Dumont nous a ensuite rejoint début 2019. Et tout récemment, Ayuji a complété l’effectif en novembre dernier. Finalement, avec ces derniers arrivants, ce sont 4 producteurs, Lebird, Shonen Bat, Slowglide et Ayuji, qui ont adhéré au crew, ce qui nous a permis de lancer notre série de compilations « Crysta Ampullaris ». Quand on y pense, chaque nouveau membre était déjà dans notre entourage proche avant de nous rejoindre. Mais ça n’est pas pour autant que tous nos potes vont pouvoir intégrer La Forge ! Nous souhaitons conserver une certaine esthétique, une certaine approche de la musique électronique, même si on ne se cantonne pas à un style précis. Nous avons chacun nos univers sonores, ce qui nous permet d‘être constamment en émulsion et de nous faire découvrir de belles choses.
Actuellement, nous n’avons pas spécialement de DJ en vue, notre collectif est déjà bien fourni et nous réussissons quand même à trouver le juste équilibre. Mais nous étudions toute proposition ! Nous regrettons d’ailleurs d’être un collectif à 93% masculin… alors si certaines DJ ou productrices souhaitent nous faire découvrir leur travail, nous sommes tout ouïe ! Néanmoins, nous inviterons sûrement de bonnes connaissances pour figurer sur nos prochaines compilations… Affaire à suivre, donc !
Quelle est l’histoire des compilations “Crysta Ampullaris” dont le 3ème volet est sorti récemment ?
R. : Avec l’intégration de plusieurs producteurs dans le collectif au fil du temps, l’idée nous est venue du fait que nous ne nous considérions plus uniquement comme un collectif de DJs, mais que nous avions désormais matière à offrir un nouveau contenu artistique au public. C’est notamment l’arrivée de Shonen Bat et Slowglide qui a été l’élément déclencheur, lesquels avaient déjà pour habitude de sortir régulièrement des compilations au sein du collectif Vapeur. En réunissant les talents de chacun, nous avons pu aboutir à un contenu fidèle à l’image de notre collectif : à la fois éclectique et cohérent dans son ensemble. Pour l’aspect visuel, nous souhaitions avoir une marque de fabrique qui renvoie à l’image de notre ville, adaptée à l’univers des musiques électroniques. Nous avons confié la réalisation de la pochette à Nigm, qui réalise la plupart des visuels de La Forge. Il nous a alors proposé ce magnifique smiley en forme de bouchon de champagne, que l’on retrouve sur chacune de nos compilations.
Quelles sont les projets du collectif ?
R. : Actuellement, il nous est assez difficile de se projeter sur la reprise des soirées physiques compte tenu de la crise sanitaire mais nous pouvons d’ores et déjà vous annoncer un premier retour à la guinguette rémoise le 15 Août avec une carte blanche. Nous avons également comme projet celui d’une quatrième compilation, regroupant cette fois-ci les différents producteurs du label mais également des guests provenant d’autres horizons et nous envisageons une future sortie vinyle. Tout ce que l’on peut vous dire c’est que nous avons hâte de reprendre notre activité et que de belles choses sur le feu si le futur nous le permet !
Crédits photos : Lena Madnood
Pour écouter “Crysta Ampullaris Vol.3” :