Dans la lignée d’une chanson française festive qui a connu ses heures de gloire jusque dans les années 2000, Ceux d’la Mouf perpétue la tradition de groupes engagés et revendicateurs avec une énergie positive et communicative ! Si le groupe tourne dans toute la France avec un nombre de dates par an que beaucoup pourraient envier, il est un peu passé en dehors des radars de Champagne-Ardenne. Séance de rattrapage donc pour mieux connaitre des artistes qui, comme beaucoup, prennent en ce moment la crise de la Covid-19 en pleine face…
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Ceux d’la Mouff ?
CDLM, c’est un homme, une femme, un guitariste, une batteuse, rien de plus ! Après plus de 20 ans d’aventures musicales professionnelles, c’est-à-dire des concerts et l’enseignement, c’est en 2015 que le projet Ceux d’la Mouff voit le jour et joue alors un répertoire fait de reprises. Nous avons fait bon nombre de concerts de soutien et d’animation durant toute cette année. Fin 2015, nous avons changé de direction artistique. Nous avons écrit et composé nos propres textes et notre musique. Puis, on a enregistré une démo que Gambeat, dernier bassiste de la Mano Negra, et bassiste actuel de Manu Chao La Ventura, a particulièrement aimé. La suite a coulé de source…
Justement, comment avez-vous rencontré Gambeat qui a réalisé votre album ?
CDLM : Nous l’avons rencontré lors d’un concert de Manu Chao La Ventura en 2011 à côté de Paris. Ensuite, nous avons développé des liens avec lui en allant le voir plusieurs fois chez lui, à côté de Barcelone. Quand nous avons ensuite décidé d’enregistrer l’album, il était évident que nous allions faire appel à lui. Il a tout de suite accepté, et nous avons enregistré une base en Haute-Marne, avant de finaliser le tout dans un studio de Barcelone très renommé : la Panchita.
Contrairement à certaines décennies, comme les années 90, la musique engagée semble avoir de moins en moins de place dans les médias. Est-ce que ce n’est finalement pas plus simple aujourd’hui de faire de la musique engagée en étant complètement indépendant ? Est-ce plus cohérent ?
CDLM : Non, ce n’est pas plus simple aujourd’hui. Tout est même plus dur aujourd’hui pour faire de la musique, quelle qu’elle soit… L’autoproduction est un choix par défaut. Il ne faut pas confondre les majors et les label indé[pendant]. Ces derniers soutiennent leurs artistes sans les contraindre. Nous serions ravis de faire partie de ce genre de structure. C’est compliqué d’exister dans le monde de la culture sans label.
Avez-vous développé des liens avec d’autres artistes ou structures de Champagne-Ardenne ?
CDLM : Nous n’avons pas de liens particuliers avec d’autres artistes champardennais, excepté avec les Bure Haleurs avec qui nous partageons beaucoup. Par contre, nous sommes en en contact avec des acteurs d’autres départements du Grand Est et de Bourgogne Franche Comté, notamment dans les Vosges et la Meurthe et Moselle. D’ailleurs, c’est grâce à Eric Closson, programmateur de la Souris Verte, Smac de la ville d’Epinal, que nous avons fait des plateaux communs avec les Hurlements de Léo et Marcel et son Orchestre. Nul n’est prophète en son pays, les structures subventionnées Haut-Marnaises n’ont pas répondu à nos demandes. Mais c’est la même chose avec tous les autoproduits. Par conséquent, nous jouons très rarement en Champagne-Ardenne. En revanche, depuis 2 ans nous sommes sur le catalogue de la MDHM – Médiathèque Départementale de Haute-Marne, mais avec la Covid-19, le nombre de prestations a été limité. Enfin, nous sommes également répertoriés sur le site d’Art vivant 52.
Comment abordez-vous la recherche des concerts ? Vous faites tout vous-même ?
CDLM : Oui, tout est fait « maison » : démarchage, contrats, site internet et j’en passe ! Nous n’avons personne de professionnel pour faire cette besogne chronophage. C’est donc difficile d’arriver à pousser les portes des festivals et des Smacs, contrairement à un bookeur. Le monde de la musique est impitoyable. Il faut se battre et ne pas baisser les bras.
Quel a été l’impact de la crise provoqué par le CoviD-19 ? Comment vous-êtes-vous adapté ?
CDLM : La crise a un impact dévastateur. Le printemps a été plus que difficile et ce qui reste debout est en train d’être anéanti… Il n’y a pas de point de sortie à l’horizon, en tout cas pas d’avenir proche pour les concerts debouts. D’habitude on fait entre trente et trente-cinq dates par an mais cette année, nous en avons sauvé 10 ! Et 2021 ne s’annonce pas très bien… L’adaptation est simple : nous, on n’a pas trouvé le tigre à enfourcher… alors nous faisons de la permaculture et nous prenons notre mal en patience comme bon nombre d’entre nous.
Quels sont vos projets ? Un nouvel album en préparation ?
CDLM : Il ny’ a pas de projets d’album pour l’instant, non pas par manque de titres, mais par manque de soutien financier. Nous pourrions en faire deux sans problème, les titres sont déjà déposés à la Sacem. Un de ces titres, « No a la mina » (ndr : un titre dédié à la lutte contre les mega mines d’extraction en Amérique du Sud), est d’ailleurs sur le site de Manu Chao. De plus la vente de Cd aujourd’hui ne peut passer pour nous que par les lives…C’est donc le serpent qui se mord la queue en ce moment !