Alb avait frappé fort en 2008 avec la sortie de son mange disque. Puis, on a aperçu Clément sur scène aux cotés de Yuksek derrière une basse et des claviers pour une tournée marathon aux quatre coins du globe. Mais nous avions
peu de nouvelles de Alb. Il s’est bien rattrapé depuis avec la sortie de « Come out, it’s beautifull », son deuxième album qui remporte un franc succès.
On a eu l’impression que de tourner avec Yuksek a fait passer Alb au second plan pendant quelques temps ?
Clément : C’était une très bonne expérience. J’aime bien jouer pour les autres aussi, et je continuerai. Si un de ces quatres, entre deux tournées de Alb ou entre deux albums je peux raccrocher une tournée en tant que bassiste de quelqu’un d’autre, je le ferai car c’est vraiment un plaisir différent. C’est la première fois que je me retrouvais dans un projet qui n’était pas le mien. C’est assez agréable d’être sur le côté de la scène aussi, et de juste kiffer, prendre du plaisir à jouer tout simplement. J’ai vraiment trouvé ça cool mais ce n’était pas du tout un arrêt. J’ai même continué de finir l’album pendant ce temps là, dans les camions, dans les avions, dans les trains ! C’était déjà une opportunité
de voyage incroyable mais aussi une vraie grosse tournée sur laquelle on est bien payé, et ça joue énormément. Comme c’est essentiellement l’argent qui m’avait pas mal ralenti, il faut un peu gagner sa vie pour faire de la musique donc ça a été un facteur. Et en revenant de la tournée avec Pierre, je venais d’avoir la grosse synchro de Peugeot / Golden Chains donc j’ai été pénard pendant une bonne année pour finir mon album et m’occuper de moi.
Justement, il y a eu un temps d’attente assez long entre les premiers extraits de l’album comme Golden Chains et la sortie de l’album. Peux-tu revenir sur cette période pré-album ?
C. : Déjà, j’ai été papa ! Ca prend du temps ! (rires). J’ai fini l’album, j’ai fini de l’écrire. Comme je suis un taré, ça me prend beaucoup de temps. Les morceaux, étrangement, ça va très vite. Généralement quand je réécoute mes voice notes, le résultat est toujours très fidèle à l’idée de base que j’avais eue. Après, c’est au niveau de l’enregistrement et des arrangements que je fais toujours 15 versions… Le mixage de l’album, je ne m’en suis pas occupé. Puis après je suis rentré dans un circuit de maison de disques et de major. En gros, il y a eu un an entre l’album mixé, masterisé et la sortie officielle avec le temps de développer un plan de communication, de faire exister un peu autrement le projet, de sortir un EP… En fait on a fini la tournée de Pierre en octobre 2012, et l’album a été fini d’être mixé en mars 2013. Au final j’ai fini complètement l’album à peine 6 mois après la tournée de Pierre. Après il s’est passé encore un an avant que ça
sorte. C’est juste les délais, il y a toujours un sacré laps de temps entre le moment où tu produis un truc et celui où les gens l’ont dans les oreilles.
Parle nous un peu de cet album. Est-ce que pour toi artistiquement il est différent du Mange-Disque ou reste-t-il dans sa continuité ?
C. : Pour moi, c’est complètement dans la continuité du premier album. J’ai essayé dans cet album de corriger le tir et de rectifier les erreurs que j’ai pu faire sur le premier. Pour moi, le premier album est une version bêta de ce que j’ai fait sur le deuxième. Le premier, je l’adore, même si je ne pourrai pas le réécouter maintenant car c’est plein de maladresses ! C’est un album très candide finalement, avec la découverte de tout, du studio, des synthés, de l’enregistrement, de chanter (je n’en parle même pas, pour moi le premier album c’était un scandale, je ne voulais pas chanter d’ailleurs!). Ce premier album avait quelque chose de très déconstruit, c’était presque une espèce de compil’ sur laquelle j’avais du mal à organiser mes idées. C’est d’ailleurs pour ça que ça s’est transformé en mange-disque avec toutes ces petites pochettes comme si c’était un best of. Je ne voulais pas de ça pour le deuxième. Déjà, je ne voulais pas qu’il soit écrit à partir de morceaux bricolage. Le premier a été fait beaucoup à partir d’expérimentations, des trucs de boîtes à rythmes, de synthés qui finissaient par construire des chansons mais quand on voulait le reproduire en live, c’était un vrai bordel et ça ne fonctionnait pas. C’est la première erreur que j’ai voulu corriger en me disant qu’il fallait que mes chansons puissent tenir avec une guitare et une voix ou un piano et une voix. « Less is more », et après on arrange ! C’était l’idée de départ, vraiment, avec celle aussi que je chante. Ca m’a pris beaucoup de temps ces dernières années à m’assumer en tant que chanteur, à chanter les textes que
j’écrivais plutôt que de faire chanter quelqu’un d’autre. J’ai aussi appris à jouer du piano, depuis 2-3ans car je voulais que la deuxième partie de l’album soit au piano. Il y a finalement des longs processus d’apprentissage. Je
voulais surtout un album construit, qui ait une cohérence du début à la fin, un sens dans son tout. Pour moi, c’est donc la continuité du Mange Disque même si c’est différent et que ma façon d’écrire a changé aussi. Mais je pense que c’est comme ça pour tout, il y a toujours une évolution comparé à ce qui a été fait avant. Je sais déjà aussi que le troisième album sera en réaction à celui là.
On sait que tu quittes Reims. Le concert d’Elektricity, pour toi, c’est un peu ton concert d’adieu à cette ville ?
C. : C’est complètement un hasard, c’était pas du tout prévu mais du coup, oui, ça a forcément un peu ce sens là. En fait, il y a deux choses qui ont ce sens là. Il y a les films que j’ai fait avec la Blogothèque en juin qui sont sorti fin septembre. Il y a déjà eu Whispers au stade mais il y en a encore 6. Je voulais faire une sorte de carte postale rémoise donc j’ai choisi des endroits importants pour moi à Reims, des lieux symboliques qui vont se retrouver comme un espèce de portrait de la ville que je quitte. Et Elektricity, c’est forcément chargé de sens. Déjà, j’attends ce concert depuis 4 ou 5 ans. Je pense que ça va être un concert chargé en émotion, vraiment. A la fois c’est effectivement un au revoir, même si je suis à côté, que je viendrai toujours travailler à Reims et que le studio reste rémois, c’est juste là où j’habite qui change, mais c’est
aussi une forme de revanche à prendre sur mon live à Elektricity II que j’avais fait au cinéma Opéra et que j’ai vraiment mal vécu tellement c’était une catastrophe.
On se donne rendez-vous dans cinq ans pour le prochain album ou tu as envie d’aller plus vite ?
C. : Ca va dépendre de la vie, en fait. Honnêtement, quand j’ai fini le Mange Disque, c’était déjà un processus plutôt long associé à une découverte. Là aussi, et je ne cesse d’apprendre finalement. J’espère que maintenant je suis arrivé à un stade où j’arrive à écrire une chanson plus rapidement sans trop me prendre la tête (rires) ! J’ai l’impression que j’ai trouvé une nouvelle formule que je n’avais pas jusqu’à maintenant. Non, j’ai plutôt l’intention d’enchaîner, et d’enchaîner assez rapidement d’ailleurs. Déjà il y a un nouvel EP qui sort prochainement avec un nouveau single qu’on a réenregistré de l’album, une nouvelle version de « She Said » pour la radio. Et si tout se
passe bien, un troisième ep qui sera la dernière exploitation de l’album avec « The Road » en janvier et du coup deux morceaux de la même trempe annonciateurs de la suite que je suis en train de préparer. Je veux commencer tout de suite une nouvelle façon de distribuer ma musique. Quand je te disais que le troisième album sera une réaction à celui là, en fait je n’ai même pas envie de faire d’album, juste trouver une formule avec uniquement des petits EP de quelques titres. J’ai l’impression d’être arrivé au bout du format album dans mon projet et je souhaite être dans la dynamique d’avoir toujours quelque chose à proposer.
« Come out, it’s beautifull » Arista
/ Sony Music