Avec le départ de son directeur historique, Eric Jonval que nous avions interviewé en 2017, Radio Primitive est portée par nouvelle dynamique ! Fort de nouveaux membres, la radio associative rémoise a accéléré son virage numérique avec un nouveau site qui fait la part belle au replay et aux podcasts tout en préservant son rôle de défricheur musical indépendant. C’est à Émilie Vigouroux, qui reprends la direction de la station, que nous avons posé nos questions.
Pouvez-vous nous présenter les derniers changements d’équipe et d’organisation de Radio Primitive ?
Émilie : Radio Primitive vit effectivement des petits bouleversements au sein de son équipe de salariés mais aussi du côté de son conseil d’administration avec deux nouveaux coprésidents : Matthieu Dissert, qui co-réalise aussi l’émission « Larchmütz » et l’émission « High Time », et Sami Khansa, membre de longue date de l’émission « No Pogo ». On a un conseil d’administration très impliqué avec à la fois des nouvelles personnes mais aussi des bénévoles qui ont plus d’ancienneté et ce mélange est vraiment une grande chance pour une association. Si on jette un œil à l’équipe salariée, le gros changement de cette année 2020, c’est le départ en retraite d’Eric Jonval ! Il était directeur de la Primitive depuis la fin des années 80 et très investi au sein de la structure. C’est un sacré challenge de continuer sans lui mais on espère qu’il va toujours réaliser des émissions afin de ravir les oreilles de nos auditeurs et auditrices. Eric, si tu nous lis… Parce qu’à la Primitive, on est une petite famille et on aime bien rester en contact les uns avec les autres ! J’ai la grande joie de reprendre son poste après avoir bossé 19 ans à ses côtés. Et avec les bénévoles et les salariés, on a plein d’envies et plein d’idées ! On a aussi renforcé l’équipe salariée avec l’arrivée de Soline Demestre. Soline est notre nouvelle animatrice-réalisatrice et va aussi bien assurer la mise en place et l’animation d’ateliers radiophoniques et d’ateliers d’éducation média auprès de différents publics (collégiens, lycéens…) que la réalisation d’émissions d’actualités en lien avec le monde culturel et socioculturel rémois. Du côté des salariés déjà « en place », il y a des changements aussi : Yann Saguez devient, en plus de sa casquette de technicien, responsable de la programmation et Morgane Leveaux, dont vous connaissez sûrement la voix si vous écoutez notre tranche horaire du midi, est investie aussi d’une nouvelle mission : Attachée Musiques Actuelles. En effet, nous avons vraiment envie de nous rapprocher un peu plus du secteur des Musiques Actuelles dans les années à venir en étant plus à même de promouvoir les groupes locaux mais aussi en étant un acteur plus présent au sein de notre fédération : la Férarock.
Comment se passe le recrutement de nouveaux animateurs ?
É. : On ne peut pas vraiment parler de recrutement. Si il y a bien quelque chose qui n’a pas changé depuis 1981 et qui ne changera pas, c’est la manière de rejoindre l’équipe de bénévoles primitifs. Pour réaliser une émission sur notre antenne, il suffit de toquer à la porte et de dire « j’ai envie de faire de la radio ! » Il n’y a pas de pré-requis. On forme les bénévoles s’ils ont des besoins techniques, rédactionnels ou autres et on les aide a concrétiser leur projet. Les animateurs et animatrices bénévoles de la structure sont responsables de leur programme. Que ce soit des émissions musicales, littéraires, d’actus ou autres, ils décident entièrement du contenu. On ne cherche pas du tout des animateurs ou animatrices qui balanceraient des progs musicales qu’on aurait préparé… Par contre, on est super ravi d’accueillir des gens qu’ont des envies de radio, des envies de créer des émissions régulières, hebdomadaires, mensuelles sur des sujets qui les touchent, des musiques qui les bottent… Ou faire de la créa’ sonore. Tout est possible !
Et du côté des programmes, quels sont les changements ?
É. : Pas de grands changements dans la grille de programme, des nouvelles émissions sont apparues récemment certes (« KMV », « Passion Triste », « Aux battements du cœur »…) mais on peut pas parler de bouleversements… Cela dit, on réfléchit à des trucs et des bidules, du côté de la prog’ musicale aussi – mais il vous faudra être patient… Ça arrivera plutôt vers septembre 2021 (l’année a été un peu compliqué pour tout le monde)… Et quoiqu’il en soit, on restera raccord avec ce qu’on a toujours été ! C’est à dire une radio ouverte, curieuse, originale, souvent déstabilisante.
Les habitudes des auditeurs ont évolué avec les nouveaux outils numériques. Est-ce que vous avez développé votre offre en podcast et en replay ?
É. : Vous n’avez pas encore fait un tour sur notre nouveau site ?! Bon, faut dire que le lancement en grande pompe a fait un peu plouf puisque le nouveau site a été lancé pile avant le premier confinement. On est super content de ce site, réalisé par les mains expertes de Yann Saguez, car on y trouve beaucoup plus facilement les podcasts des émissions, des reportages, des productions radiophoniques liés aux ateliers, des interviews… Alors oui, il y a beaucoup de podcasts à découvrir et des replays. On fait un peu de podcasts natifs, mais, avouons le, pas beaucoup car remplir la grille d’antenne avec du contenu original, c’est déjà un sacré travail.
Depuis notre dernière interview, le streaming a pris une place encore plus importante. Est-ce que cela change le rôle de prescripteur d’une radio associative comme la Prim’ ?
É. : Nous continuons à faire découvrir de nouveaux artistes mais on ne va pas se battre ou essayer d’être meilleur que les réseaux sociaux ou les grosses plateformes… Nous allons poursuivre ce qu’on fait, proposer aux gens de rester curieux et ouverts, de prendre le risque de découvrir et d’aimer un morceau mais pas celui d’après… Bref, d’être une radio, qui contrairement aux algorithmes des plateformes, ne proposera peut-être pas pile ce que vous vous attendez à entendre mais vous sortira un peu de votre zone de confort. Et ça, on essaye de le faire avec toute la passion et les envies que l’on a !
Est-ce qu’il y a eu des changements dans la façon dont l’équipe va découvrir des artistes et choisir de les mettre en avant ?
É. : Forcément ! Même si on aime beaucoup recevoir des Cds et des vinyles, on en reçoit de moins en moins. Alors si on ne veut pas être à la ramasse et proposer moult artistes originaux à nos auditeurs et auditrices, il faut aller chercher aussi ailleurs, se promener sur les Bandcamps, écouter les envois numériques que l’on peut nous faire, démarcher les labels qu’on a repéré et avec lesquels on a envie de bosser… Et ça, on s’y est mis ! Ça a plus pris de temps que pour d’autres radios, parce que ça prend fichtrement du temps et que c’est parfois une sacrée usine à gaz, mais c’est un virage que l’on a pris à présent. On travaille aussi beaucoup avec la Férarock concernant les artistes que l’on a envie de mettre en avant. Pour le reste, que cela arrive en K7 ou en MP3, on continue à fonctionner au feeling : on écoute, et puis ça nous plaît ou pas. C’est un luxe que l’on a et qu’on compte bien préserver !
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