Le label Lune est un nouveau label de musique électronique géré principalement par Cyrille Koutcheroff alias Trooper. Après quelques soirées locales réussies, cette structure rémoise attire un public toujours plus nombreux et friand de musiques électroniques. Nous sommes allés à sa rencontre afin d’en savoir plus sur cette aventure lunaire dont les “cosmonautes”, comme il le dit si bien, se bousculent pour faire partie du voyage.
Racontes nous l’histoire de Lune. Comment s’est décidée la création du label ?
Cyrille : Lune a 2 ans. A l’origine, c’est Highlife Recordings qui avait créé une sous-branche dans son label. Etienne étant un amoureux de la techno, il avait décidé de créer Lune pour avoir un côté house-techno et vu que son propre label marche bien, il n’avait pas le temps de s’occuper de ça. Il m’a demandé de gérer de A à Z. Il m’a donné le bébé, sans me donner d’impératifs. J’ai récupéré Lune en juin 2014 et la première compilation est sortie en décembre 2014. Ca a été les premiers pas du label où on voulait présenter avec Stéphane Dumong nos influences.
Huit artistes régionaux t’accompagnent dans cette grande aventure. Ce sont pour la plupart des amis de longue date ou vous avez eu un coup de cœur artistique pour chacun d’entre eux ?
C. : Les artistes présents sur la compilation, je les connaissais tous déjà avant. Je leur ai proposé de participer à cette aventure et ils ont tous accepté. Théoriquement, il aurait dû y avoir plus d’artistes mais certains avaient d’autres sorties donc ils seront sur la prochaine navette. Il n’y a que JKS que je ne connaissais pas et que l’on m’a présenté, une belle surprise car il rentre complètement dans l’esprit du label. Mais globalement, ce sont des artistes qui font de la musique électronique à Reims mais qui ne sont pas reconnus par la faune rémoise, ce qui est un peu dommage.
La techno, la deep house, l’acid house, sont vos styles de prédilection. La musique électronique est déjà très présente à Reims. N’avez-vous pas peur de vous fondre dans la masse et ne pas réussir à te démarquer ?
C. : Nous on fait de la techno, on ne fait pas de l’electro « french-touch », d’ailleurs pour moi ça ne veut rien dire. On fait de la musique pour danser, on ne fait pas de la musique électronique pour qu’on réfléchisse sur notre musique. On s’en fout ! Le but, c’est que tu prennes ta claque et que tu viennes danser. Les soirées techno, les raves, ne sont pas là pour que tu te regardes le nombril ou que tu regardes ton voisin. Tu es là parce que tu as passé une grosse semaine au travail et que tu as envie de danser. Il n’y a pas d’influences chez nous. On fait de la musique comme on a envie qu’elle soit.
“We choose to go to the moon” est le titre de votre premier EP. Comme une incitation au voyage ?
C. : C’est complètement ça. Dans l’esprit du label, ce serait d’avoir un lieu où l’on puisse se défouler. On a des gens qui suivent le label depuis sa création et les gens arrivent tout frais, dansent jusqu’à la fin, repartent complètement en nage et ils sont super contents. C’est ça que l’on aime.
Bénéficies-tu de soutien financier de la part de structures régionales, telle que la Cartonnerie par exemple, pour développer ce projet ?
C. : On ne serait pas contre un appui. Après la question à se poser c’est : est-ce que la musique électronique est vraiment appuyée par les structures ? Ça je ne suis pas sûr. Nous n’avons pas de culture techno en Champagne-Ardenne. Il y a plein de collectifs qui ne sont pas forcément aidés alors qu’ils sont là depuis un certain temps. J’ai l’impression que ça fait peur aux structures, notamment à cause des clichés de la techno par rapport à la drogue. Mais, ça a été la même chose avec le rock’n roll à une certaine époque ou le jazz. Il va falloir que les structures apprennent à vivre avec leur temps, mais on n’ira pas pleurer pour se faire aider.
Pour l’instant, les soirées Lune et les sets des artistes sont principalement à Reims. Avez-vous l’intention d’exporter le label dans d’autres départements en et hors région ?
C. : On a prévu d’aller faire un tour du côté de Berlin. C’est un peu la Mecque de la musique techno. Nous avons un ami qui est parti vivre là-bas donc il est devenu un peu notre bookeur Lune en Allemagne. Mettre un pied là-bas, ce serait déjà génial ! Maintenant, il y a des EP’s de prévus. Vu que l’on a présenté un collectif sur la compil, chacun va sortir sa matière. Je serais partant pour tout sortir en vinyle, à l’ancienne ! Troopers va sortir un EP, Pinky Poo aussi, Humana et Grand Bordel préparent chacun un Live. Le but de Lune est de vendre un plateau lunaire. A savoir que chez nous, nous sommes tous producteurs, à l’inverse de certains collectifs où ce sont uniquement des DJs. On m’a reproché à la première soirée Lune de ne pas avoir mis des DJs mais je pense que c’est quand même beaucoup mieux d’avoir affaire à des producteurs, ce n’est pas la même chose.
Quels sont les projets du label ?
C. : Il y aura une nouvelle compilation en 2015 avec des EP, du live. On prépare une grosse soirée le 21 juin dans Reims. C’est en préparation avec la mairie. On se garde également deux soirées sous le coude avant le 21 juin qui seront probablement au bar de la Comédie, un truc un peu classe, et vu qu’ils n’ont pas d’horaires de fermeture c’est parfait pour nous !