Les studios d’enregistrement sont, pour le public comme pour les musiciens, des lieux de création, d’espoir et de fantasme… Situé aux frontières de la Marne, de l’Aube et de la Seine et Marne, le Red House Studio est un endroit privilégié qui allie un cadre parfait pour la création et un équipement haut de gamme. Rencontre avec Lucas, à la tête d’une petite équipe de passionnés du son et de musique.
Quelle est l’histoire du Red House Studio ?
Le studio à été crée en 2003, date à laquelle nous avons branché un micro sur une console dans le but de garder une trace d’une répétition entre copains. En effet, le Red House Studio n’avait à cette époque aucune vocation commerciale, il s’agissait d’un local de 15 m2 dans lequel il y avait quelques instruments, une vielle console 16 voies Tascam et un magneto Revox, et dans lequel nous répétions avec mon groupe de Funk. Un beau jour, des copains de lycée (j’avais 16 ans à l’époque) m’ont demandé s’ils pouvaient profiter du studio et de la maison pendant 10 jours avec un défraiement. J’ai dis oui ! Grace à ce défraiement nous avons pu avec mon groupe acheter un micro et là je me suis dis : « ok… il faut louer ce studio pour acheter plus de matériel ! ». De là, tout a commencé : agrandissement, achat de matériel… et toujours dans la mesure de ce que nous gagnions. Après le Bac, j’ai opté pour un cursus dans une école d’ingénieur du son. Mon stage s’est fait auprès d’un ingénieur pro qui venait travailler dans mon propre studio ! En ce qui concerne le logement mitoyen, il s’agissait d’une maison de famille que j’ai pu racheter à mes parents et peu à peu transformer pour y accueillir des musiciens. Le Red House Studio fonctionne toujours de la même manière, enregistrements, investissements, et même si aujourd’hui il permet d’y enregistrer presque tous types de projets, il n’est pas à l’abri de s’agrandir encore et encore !
Selon toi, quels sont les points marquants qui font le caractère du lieu ?
Les artistes sont en totale immersion dans leur projet. Ils ne bougent pas du studio ou de la maison et peuvent se consacrer entièrement à l’activité créative. Par exemple, ils n’ont pas à rentrer chez eux le soir avec tout ce que cela engendre : circulation, coupure dans l’élan de création, retard … Un vrai lien se crée entre les musiciens présents, qui parfois ne se connaissent pas encore très bien. J’ajouterai que le studio et la maison ont une âme familiale que l’on ressent en arrivant, et cela aide à créer ce sentiment d’être « comme à la maison ». Finalement être au Red House Studio, c’est un peu comme être en dehors du temps !
Depuis sa création, il y a déjà quelques anecdotes à raconter ?
En 2008, je devais enregistrer une Batuccada (fanfare brésilienne) composée de 12 musiciens. Nous venions de changer de système informatique, une fois la séance terminée (ce qui représentait 10 heures d’enregistrement) l’ordinateur s’arrête soudainement et sans raison. Après quelques tentatives, impossible de retrouver les fichiers et là vous avez 12 musiciens musclés derrière qui commencent à s’impatienter : « Alors ? C’est bon ? Ca va le faire ? ». Je leur ai gentiment expliqué que l’enregistrement avait disparu et qu’il fallait tout refaire. Ce fut un dur moment de solitude mais comme on dit c’est le métier qui rentre ! Je ne leur ai rien fait payer bien sûr et ils sont revenus refaire leur journée quelques semaines plus tard. La leçon : j’ai compris qu’il fallait avoir une installation ultra stable et faire des backups le plus souvent possible. Plus récemment, Bénabar et ses musiciens sont venus en résidence pour une petite semaine. A leur arrivée, la maison a fait son effet comme d’habitude mais au moment du choix des chambres un petit problème s’est posé. Ils étaient 7 et nous n’avions que 6 chambres vraiment séparées à proposer, car l’une des chambres a deux espaces séparés mais non cloisonnés. Les musiciens ont commencé à réclamer une chambre vraiment individuelle mais au final Bruno (Bénabar) a proposé de dormir sur un matelas n’importe où, voir sur le canapé. C’est toujours agréable quand les stars ne font pas « leur star »!
Vous souhaitez aussi développer d’autres activités. Tu peux nous en dire plus ?
En parallèle de nos activités de résidences d’artistes et d’enregistrement, nous proposons un service de conception de studio et de traitement acoustique. Grâce à la MAO, Musique Assistée par Ordinateur, les artistes et musiciens sont de plus en plus indépendants. Ils possèdent leur propre espace de production qu’on nomme généralement Home Studio. Pour cela ils ont besoin d’un outil de travail viable et confortable qui demande parfois une expertise technique. Une bonne isolation acoustique permet de travailler à toute heure sans déranger ou être dérangé par l’environnement autour. Un bon traitement acoustique est indispensable pour produire un son équilibré et de qualité professionnelle. Nous avons déjà réalisé une quinzaine de projets, que ce soit du traitement acoustique pour un Home Studio ou la création d’un complexe entier composé de plusieurs studios. Nos projets sont visibles sur le site www.redhousefactory.com. Nous souhaitons également être un espace de rencontre et de créations. Nous organisons pour cela des journées découvertes avec des petits concerts en mode intimiste, le but étant de faire découvrir le lieu aux artistes ainsi qu’aux professionnels et de permettre de faire exister des choses. Nous rêvons de produire des projets de qualité avec le label « made in Red House Studio »
Comment avez-vous découvert le Polca et pourquoi avez-vous souhaité adhérer ?
Nous avons découvert le Polca grâce à la DRAC qui nous a fortement conseillé de contacter le réseau. Après notre premier rendez-vous, nous avons été tout de suite convaincus de l’importance d’appartenir à un réseau « local » pour faire connaître davantage notre structure et sortir de l’isolement. Nous souhaitons être un acteur à part entière de la musique en Champagne-Ardenne et rallier le Polca nous a paru une évidence.
Crédits : Aurélie Tournois
