La Magnifique Society, c’est le nom du nouveau festival rémois qui succède à Elektricity. Qui ? Quoi ? Où ? Comment ? Nous avons rencontré Cédric Cheminaud, directeur de la Cartonnerie qui co produit le festival, pour (presque) tout savoir sur ce nouvel évènement.
À part le lieu, qu’est-ce qui différencie La Magnifique Society d’Elektricity ?
Cédric : Ce qui va différencier les deux évènements, au-delà de la période et du lieu, c’est un état d’esprit. On entre vraiment dans une ambiance de festival avec une notion d’accueil du public. Etre moins dans l’événementiel, comme on faisait pour Elektricity, avec deux dates sur le parvis. De part toutes les contraintes qu’on avait, on relevait plus de l’événementiel que du festival. Ensuite, la ligne artistique défendue diffère. Avec La Magnifique
Society, on est sur quelque chose de beaucoup plus ouvert, éclectique, en direction de différents publics, avec un fil rouge sur ces artistes quel que soit leur dimension artistique. Des artistes qui ont un propos sur scène, une intention pour le public, un show, un spectacle et ce côté un peu élégant et travaillé des prestations. C’est ce qu’on a gardé de l’ADN d’Elektricity, ce côté raffiné. Enfin, la possibilité d’avoir trois scènes, ça nous donne énormément de densité d’artistes par rapport à Elektricity où on avait une seule scène sur le parvis. On pouvait faire au maximum trois artistes par date.
Quels sont les priorités que vous vous êtes fixés pour cette première édition ? Quels projets à long terme vous avez envie de développer dans les prochaines éditions ?
C. : Pour l’instant, l’idée n’est pas de mettre des choses de côté. Au contraire, c’est d’arriver sur une première édition où forcément tu es attendu parce qu’on est identifié à l’image d’Elektricity. On a placé un niveau d’exigence sur la programmation notamment. On y a porté fortement attention. On travaille beaucoup aussi avec les équipes, parce qu’on veut changer cet état d’esprit, sur la mission d’accueil du public. Savoir comment on positionne les
espaces, les scènes, pour que le public s’y sente bien et ait envie de passer une journée entière avec nous. Maintenant, il y a des choses qu’on ne met pas de côté, mais on se heurte aussi à un lieu compliqué parce qu’il est peu équipé, pas d’électricité, pas d’eau et donc on ne pourra certainement pas faire tout ce qu’on avait imaginé. Mais en tout cas, pour l’instant on ne se limite pas et on essaie de trouver des solutions.
Qu’est-ce qui vous a poussé à proposer d’autres formes artistiques pendant « l’avant-garde » ? Est-ce que la pluridisciplinarité va se retrouver pendant le festival ?
C. : C’est un festival qui est porté par deux salles (ndlr. La Cartonnerie et Césaré). Le projet n’a de sens pour nous que si c’est le reflet de ce que l’on fait au quotidien pendant l’année dans ces salles-là. On a donc travaillé pour donner de la lisibilité et de la visibilité à tout notre travail, que ce soit les productions de Césaré qui est un lieu de production, ou la Cartonnerie avec l’éclectisme de la programmation et toute la partie accompagnement des artistes avec la scène locale qu’on va promouvoir sur les scènes. L’accompagnement des publics, qu’on appelle à la Cartonnerie l’action culturelle, qu’on va retrouver sur le site du festival avec différents ateliers et points de rencontre pour discuter avec le public et faire sens. Simplement sortir de la consommation de concerts, ce que l’on fait aussi à la Cartonnerie. Tout ça réunit, on a une offre qui est pluridisciplinaire qui va de la recherche musicale jusqu’à des gros artistes internationaux en passant par des artistes locaux en développement. C’est ce qui fait notre projet ici à la Cartonnerie et à Césaré.
Il y a donc une volonté à travers ce festival de faire découvrir ce qui se passe en dehors des concerts ?
C. : Oui, tout à fait. Un volonté de se réapproprier le festival et que ce festival soit un peu le bouquet final de la saison et qu’il y ait des liens beaucoup plus ténus, serrés entre ce que l’on développe pendant le festival et le travail de fond que les salles mènent tout au long des saisons. Ce changement, on l’a entamé à la Cartonnerie depuis deux-trois ans et on voit que ça porte ses fruits. Quand on fait les grands happenings avec les portes ouvertes, c’est toujours des milliers de personnes qui viennent et il n’y a pas de concert, il n’y a pas de programmation. On travaille vraiment sur de la découverte du lieu, sur des ateliers, des discussions, des rencontres… Le Floor qu’on a créé et tout ça fait de la structure un lieu de vie culturelle plus qu’un simple lieu de concerts.
Peux-tu nous parler de l’espace “Tokyo Space Odd” ?
C. : Il y a déjà l’idée d’exporter le festival dès sa première année au Japon. On va travailler en lien avec l’accompagnement à la Cartonnerie puisqu’on va programmer Fishback, une artiste qu’on accompagne et qui fera bientôt une résidence à la Cartonnerie pour son nouveau concert. On ira avec elle sur une soirée dans un club à Tokyo au mois d’avril. Ce sera un peu le lancement de ce partenariat entre La Magnifique Society et le Japon. Ensuite, des artistes seront accueillis pendant le festival, sur un espace bien spécifique nommé le « Tokyo Space
ODD » où on retrouvera l’état d’esprit du quartier de Shibuya de Tokyo, qui est un quartier hyper nerveux, dense avec énormément d’activités. L’idée c’est d’y retrouver cette ambiance et de créer ce clash entre un lieu bucolique et
une ambiance très urbaine, dynamique et saturée en lumières et en sons. À l’intérieur de cette tente, il y aura aussi des jeux d’arcade et des prestations d’artistes japonais, plutôt des DJs ou de la culture cosplay qui vont venir présenter leur travail. Et sur les scènes du festival, une programmation régulière de deux-trois artistes japonais par jour qu’on a repéré.
Comment gères-tu les relations avec tous les partenaires sur ce nouveau projet qui s’est mis en place ? Qu’est-ce qui est difficile ?
C. : Des difficultés il y en a toujours, comme dans tout projet. Il ne tient que parce qu’on a beaucoup de partenaires et notamment la ville de Reims. Le projet n’est pas réalisable sans son soutien puisqu’elle gère le lieu. Sans la volonté de la municipalité, on n’aurait pas pu le faire. Et puis, comme je le disais, sur ce parc il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, donc c’est énormément de partenariats. Sur la Cartonnerie, c’est aussi comme ça que l’on travaille avec certaines associations régulièrement. On va en retrouver sur le festival. L’idée c’est aussi de développer cela dans le temps. Par exemple, on va certainement travailler avec Jazz Us sur des soirées en amont du festival pour créer ce côté convivial et comme Jass Us est un partenaire fidèle de la Cartonnerie puisqu’on travaille avec eux sur une programmation régulière, et on est partenaire de leur festival. Donc on va les retrouver. A terme, l’idée est que cette Magnifique Society représentera aussi un peu toute l’activité qu’il y a sur Reims et les structures dynamiques en termes de culture au sens large.