Qui aurait cru qu’un studio d’enregistrement se nichait au cœur du vignoble aubois ? C’est ce que nous avons découvert avec le Studio du Vieux Moulin qui offre tout le nécessaire pour produire et enregistrer des projets musicaux dans un cadre particulièrement propice à la création. Enfant du pays et attaché à son terroir, c’est Basile Gautherot qui est derrière se projet atypique. Il a répondu à nos questions.
Pour commencer, peux-tu nous présenter le studio et ce qu’il propose ?
Basile : Le studio du Vieux Moulin se situe à Buxières-sur-Arce, dans l’Aube. Au rez-de-chaussée, il y a une régie, une cabine, et tout le matériel qui va avec permettent d’enregistrer des artistes, groupes, voix-off… À l’étage, on trouve 4 chambres, 1 cuisine / salle à manger, et un salon / Billard. Les entrées indépendantes permettent de louer le studio seul, les chambres seules (via les plateformes connues), ou, pour des artistes qui resteraient plus d’une journée, les deux combinés. Le cadre est très agréable (petit village de campagne), idéal pour une mise au vert, à l’occasion d’une résidence de composition / de répétition / d’enregistrement.
Peux-tu revenir sur ton parcours et ce qui t’as amené à ouvrir un studio d’enregistrement ?
B. : J’ai commencé l’apprentissage de la musique par le saxophone à 7 ans, et la musique ne m’a jamais quitté. Adolescent, j’ai commencé à jouer en groupe à la basse. Depuis 15 ans, je joue dans différents groupes, différents styles, et parallèlement j’apprends plusieurs autres instruments (batterie, guitare, clavier). Je suis passé par la MAI de Nancy pour la basse et par les conservatoires de Nantes et de Troyes pour la contrebasse. J’ai commencé à m’intéresser à l’enregistrement à 20 ans. J’ai monté un home-studio chez mes parents, pendant une dizaine d’années. À 30 ans, je me suis installé dans une maison dotée d’une grande grange, juste les murs et le toit. Ça a été une évidence de faire mon propre studio là, à domicile. Mon home studio n’était pas dans une pièce construite pour cet usage, donc avec pas mal d’inconvénients, et construire un studio neuf dans cette grange permettait de prévoir en amont tous les ajustements dans la construction, pour avoir un studio fonctionnel, insonorisé et traité acoustiquement. Pour résumer, mon parcours de musicien multi-instrumentiste et mon expérience de home-studiste on fait germer l’idée d’ouvrir mon studio, et l’achat de ma maison a été l’élément déclencheur, la grange me donnant des idées dès le départ. D’ailleurs les travaux ont commencé à peine un an après mon emménagement. Le studio est ouvert depuis 3 ans.
Pourquoi avoir implanté le studio à Buxières-sur-Arce ?
B. : J’y habite depuis ma plus tendre enfance ! Une grande partie de ma famille habite à Buxières, y compris mes parents et ma sœur avec qui je travaille dans le domaine de la viticulture. J’aime profondément ce village et je pense y habiter toute ma vie. Au début, j’ai pensé que les musiciens ne viendraient pas dans un studio en pleine campagne, à 2h de Paris, 3h de Lyon, 40min de Troyes, la ville la plus proche. Et puis j’ai pensé à transformer cet inconvénient en avantage : le cadre est quand même idéal, celui d’un village de 130 habitants, où forêt, champs, chemins, prés, et vignes forment un paysage haut en couleurs et propice à la création. La sortie d’autoroute A5 Magnant est à 7km, ce qui est aussi un avantage certain. Mais il fallait pouvoir héberger les artistes qui viennent plusieurs jours, donc j’ai décidé de faire un gîte au-dessus. Aujourd’hui Buxières-sur-Arce est plus intéressant encore, car il y a un luthier qui s’y est installé, FR Guitars et un cabinet avec 2 kinésithérapeutes et une ostéopathe. Il y a donc tout ce qu’il faut au village pour réparer un instrument ou un musicien !
Comment t’es-tu entouré pour concevoir et construire ce lieu ?
B. : J’ai d’abord pensé qu’il me fallait un acousticien. Je n’en connaissais pas. Je suis allé voir Megahertz à Troyes pour savoir s’ils en connaissaient un. Je les remercie, car ils m’ont donné les coordonnées d’un acousticien compétent. Celui-ci est venu avec un câbleur et un ingénieur du son, ce qui a permis d’avoir une vision globale du projet avant de lancer les travaux. Ils ont travaillé main dans la main avec les artisans – maçon, électricien, etc – pour la préparation du chantier. Ils sont intervenus pendant le chantier pour le passage de câbles dans les murs par exemple, puis après le chantier pour le traitement acoustique et la mise en service).
Quelles sont les conséquences de la Covid-19 sur l’activité ?
B. : Depuis le confinement de mars, l’activité studio est à l’arrêt complet. Je n’ai pas de demande. J’avais des réservations pour cet été, les projets ont été annulés, ou repoussés à plus tard. J’ai pu louer la partie gîte cet été, mais cela s’est à nouveau arrêté en septembre. Je suis dans le flou complet, je ne sais pas quand je vais pouvoir rouvrir. En tant que musicien, avec mes groupes nous sommes à l’arrêt également, car il est impossible de jouer en concert et il est très compliqué de répéter.
Comment as-tu découvert le Polca et qu’est-ce qui t’a incité à adhérer ?
B. : En tant que musicien, j’ai fait connaissance avec la Maison du Boulanger à Troyes, qui programme beaucoup de concerts et spectacles pour la ville. C’est par leur intermédiaire que j’ai connu le POLCA. En tant que musicien, je n’y ai pas adhéré tout de suite car j’étais plus souvent à Nancy puis Nantes et je n’avais pas de groupe dans la région. Mais revenant à Buxières et en créant mon studio, j’ai pensé qu’il était important de rentrer dans les réseaux locaux, pour différentes raisons, la principale étant que POLCA est une formidable source d’informations pour tous les gens du métier. Peu de temps après mon adhésion, Greg m’a contacté avec le projet d’organiser des réunions pour les studios de Champagne-Ardenne, pour se connaître, échanger sur tous sujets en lien avec nos activités, etc… J’ai accueilli la première édition de ces réunions. C’était top, vivement la prochaine ! Vu de l’extérieur, les différents studios peuvent être en concurrence, mais en réalité chacun a ses spécialités, son réseau, ses raisons d’exister. L’offre de studios dans la région, et à fortiori dans le département, n’est pas si étoffée que ça donc je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. Je pense qu’il est essentiel que les différents gérants de studio puissent se rencontrer, proposer leurs idées, écouter celles des autres. C’est comme cela qu’on pourra voir une synergie, des propositions cohérentes et de beaux projets !
En savoir plus : https://studioduvieuxmoulin.com/