L’objectif de notre « Fiche Métier » est de mieux faire connaître les membres du réseau ainsi les différents métiers de la filière musicale. Nous allons découvrir le parcours et le travail d’un attaché de presse avec l’interview de Dominique Marie.
Prénom / Nom : Dominique MARIE
Âge : 61 ans
Structure : Dominique MARIE/MRP
Fonction : Attaché de presse
Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?
Dominique : On va essayer de faire court… Je crée ma première association à Caen : Epzebia, à la fin des années 70 avec deux cousins pour organiser des concerts, au final pas loin d’une vingtaine, dont Marquis de Sade, The Saints et Wilko Johnson. Les cousins décident d’arrêter et comme je suis devenu manager du groupe Johnny Hess, j’en crée une seconde, Image Records, pour sortir le 45 tours du groupe. C’est aussi le début de la structuration du secteur. Image records est une des associations qui a créé le réseau rock, l’ancêtre du CIR et donc de l’IRMA. On a même réussi à financer un poste pour quelques mois à l’un de nos membres : Gilles Castagnac, aujourd’hui directeur de l’IRMA. Dans le même temps, je suis objecteur de conscience. Je fais mon service civil dans une radio locale que je fais devenir « rock » qui s’appelle maintenant : 666. J’en suis toujours le programmateur. Mais il est impossible de continuer à travailler sur l’agglomération caennaise alors nous sommes plusieurs à partir à Paris.
Je monte une structure de tour dans une société qui s’appelle Turbulences avec Pascal Chevereau et Bruno Boutleux (ndr : aujourd’hui directeur de l’ADAMI). On organise également un salon professionnel : Rock Affair dont la dernière édition a lieu lors des Transmusicales de Rennes et rencontre un gros succès, sauf au niveau financier. C’est sans doute la semaine la plus folle de ma vie ! Mais comme nous n’avons plus de sous, je rejoins un distributeur de disques : Musidisc dont les artistes sont les Shoulders, le Ministère A.M.E.R mais aussi Michelle Torr, Hugues Auffray ou Henri Dès. Je commence par soutenir les jeunes groupes dans toutes leurs démarches liées aux concerts puis je commence à faire de la promotion. C’est alors que Stéphane Saunier m’engage chez Roadrunner. Je ne suis pas un metalleux mais j’aime beaucoup l’énergie de la musique et du travail. On travaille alors les disques de Sepultura, Fear Factory, Type O Negative, des Thugs, Sloy ainsi que les premiers artistes electro. À la même période, on se rencontre entre acteurs des radios locales aux États Généraux du Rock de Montpellier. C’est là que l’on crée la Férarock dont j’ai été Président pendant plusieurs années et jusqu’en 2017.
J’arrive à Troyes en 1998 et je deviens attaché de presse indépendant en 1999. Plus récemment, je décide également d’accompagner des groupes et artistes du Grand Est. Enfin, je suis bénévole au sein de l’association Dixsonance qui organise principalement le festival Off Off Off des Nuits de Champagne.
En quoi consiste le métier d’attaché de presse ?
D. : Il consiste à porter à la connaissance du plus grand public possible un produit : une voiture, des petits pois…. Dans la filière des Musiques Actuelles, c’est un disque, un concert, un festival. Cela se passe via 5 grands secteurs : la presse écrite, la radio, la télévision, l’internet et les réseaux sociaux. Le capital d’un attaché de presse, c’est son carnet d’adresses : il faut être en contact avec le plus de personnes possibles et de la manière la plus proche possible.
Quels sont les impacts de la crise COVID-19 sur ton activité ?
D. : Comme beaucoup, je connais une grosse baisse d’activité parce que les groupes ou labels ont du mal à sortir les disques ou décide de ne pas les sortir. En physique comme en numérique, il est difficile de défendre les sorties sur scène et tout le monde attend des meilleures possibilités d’exposition. Et dans le même temps, les titres de presse connaissent de grosses difficultés. J’ai, quand même, travaillé deux albums au printemps. On a ainsi pu avoir de l’exposition que l’aurait peut-être pas eu parce que la « grosse cavalerie » des majors n’était pas là. Mais la fin de l’année s’annonce très difficile.
À quelles difficultés, en temps normal cette fois, es-tu confronté dans le cadre de ton activité ?
D. : Il y a un grand changement dans la promotion avec la multiplication des moyens de se faire connaitre. Cela peut sembler être un changement positif mais il faut connaitre les interlocuteurs et, à défaut, de nombreux disques se trouvent noyés. Comme je le disais, les magazines papiers sont en grandes difficultés. Ils sont remplacés par du contenu sur internet mais il faut être dans les plus visibles et c’est très difficile pour les artistes indépendants. Tous les supports les plus importants ont la même ligne éditoriale que les grands médias traditionnels à savoir la télé, la radio et la presse quotidienne. Ils parlent de ce qui touche le plus large public possible car il faut vendre les écrans de publicité le plus cher possible.
La perte d’audience des médias traditionnels par les plus jeunes est un autre grand changement. Il faut désormais trouver sa place sur les réseaux sociaux et sur YouTube. Il faut réussir à draguer les algorithmes et réussir à avoir le plus de followers possibles.
Il y a aussi une multiplication de nouveaux blogs, de playlists, d’influenceurs qui apparaissent presque tous les jours. Et beaucoup aiment rester caché et les plus suivis sont bien rémunérés par l’industrie. Il faut réussir à les trouver. Enfin, il est très facile de faire un disque aujourd’hui. Il n’y a plus besoin d’aller en studio, plus besoin de fabriquer un objet physique. Il y a donc une multitude de nouvelles choses.
Par exemple, en tant que programmateur de radio, j’ai un stock de près de 3000 « liens » de moins de 3 mois à écouter… Malgré juillet et aout qui sont des mois encore un peu moins chargés, c’est énorme ! Donc ceux qui ne font que lancer du son sur le web en attendant que quelque chose se passe vont avoir du mal à se faire entendre. C’est quand même mieux d’avoir une personne qui dispose d’un grand nombre de contacts…
Qu’est ce que tu apprécies le plus dans ton travail ?
D. : Lorsque l’on travaille dans la musique, c’est que l’on a envie, que l’on est passionné… C’est bien ça qui me fait toujours avancer ! Réussir à faire parler le plus possible d’un jeune groupe, d’un.e jeune artiste reste un grand plaisir !
Quelles sont les perspectives d’évolutions que tu as pu identifier ?
D. : Est-ce que je peux avoir 2 heures ? Le nombre de « médias » explosent, une partie des traditionnels disparaissent alors je pense qu’il va être encore plus important de mettre les artiste en avant. Ceux qui s’en sortirons le mieux, ce seront sans doute ceux qui seront le mieux accompagnés et encadrés. Ce n’est pas nouveau mais je pense que cela va devenir de plus en plus important.