Lieu de concert et de vie incontournable de la ville de Reims, l’Excalibur fête tous les ans son anniversaire en mars. C’est donc l’occasion d’évoquer la création du lieu et de l’envie d’Ineke Paumen de partager son amour de la musique. Elle revient pour nous sur ces années de programmation avec, notamment, quelques anecdotes…
Seize ans de concerts ! Whouah ! Comment cette histoire a-t-elle commencé pour toi ?
Ineke : Au début j’avais acheté le bar pour mon fils. Quand il est parti, j’ai hérité du bébé. C’était un lieu plutôt de quartier et je déteste les piliers de comptoir. Comme j’adore la musique et qu’à ce moment-là j’ai rencontré Drew Davis, on a commencé à organiser des bœufs. Puis, tous les week-end, on a programmé un concert, et ainsi de suite… À la base, ce n’était pas du tout mon métier, je n’y connaissais rien.
J’imagine que ça fait beaucoup de souvenirs et d’anecdotes. Peux-tu nous en raconter quelques-unes ?
I. : Des bonnes ou des mauvaises ? Ce qui marque le plus, c’est les mauvaises… Je pense que c’est parce qu’on ne s’y attend pas du tout. Par exemple, la première fois que j’ai fait un concert de rock expérimental, c’était la première fois que je voyais ça. Les mecs sont arrivés avec leurs instruments. Ça avait l’air vraiment bien. Il y avait un clavier,
le saxophone, pleins de choses… Après, ils ont sorti une boite à meuh, des cuillères, des couteaux, des grains de riz… Leur public était stoïque, complètement captivé et attentif comme on imagine une classe studieuse. Je n’avais pas du tout l’habitude de ça. On aurait cru qu’une soucoupe volante allait atterrir sur scène. C’était impressionnant.
Une autre fois, un mec qui se pensait bon chanteur. Je ne me souviens même plus de son nom mais peu importe. Je n’avais pas écouté ce qu’il faisait. Quand on écoute un album chez soi, parfois on n’aime pas et pourtant
en live c’est tout à fait autre chose. Certaines musiques on ne les écoute pas mais on les vit sur scène. Donc ce mec-là arrive de la gare, il n’est que 20h, le public n’est pas encore là. Il a pourtant commencé à jouer malgré tout. Il n’y avait rien à faire. Si j’avais possédé des actions chez un fabriquant de mouchoirs je serais devenue riche tellement c’était nul à pleurer. Le public a fini par arriver mais il avait fini. Je lui ai donc demandé de faire au moins deux ou trois morceaux histoire de dire. Il m’a répondu : « Brel n’a jamais fait de rappel non plus. »
À côté de ça, des bons souvenirs j’en ai eu pleins. Des trucs super il y en a eu tellement et heureusement ! Je suis reconnaissante d’avoir rencontré des personnes aussi formisables. Je pense à Marine, à Nono, à Tree Kong, à la Greule, à David Vincent, à la Villa Ginette et tellement d’autres…
Qu’est-ce que ton expérience t’as appris sur la programmation et l’organisation de concert ?
I. : Je ne m’en occupe pas beaucoup. Je réponds simplement au téléphone et je tiens le calendrier. Par exemple, pour les liens Facebook je ne m’en occupe pas. C’est Nono qui gère ça. La plupart ce sont les groupes qui me contactent pour jouer. Je ne cherche pas les dates, et ça arrive qu’il n’y ait pas de concert de prévu mais ça ne me dérange pas. Quant aux groupes qui viennent de loin, je leur demande de trouver un groupe local pour jouer avec eux et leur conseille de passer par le Polca. Autrement, ce travail fait qu’on n’a pas de vie privée
et peu de temps. Mais ce n’est pas pour autant que je n’aime pas ce que je fais. Grâce à cette expérience, j’ai découvert beaucoup de groupes du monde entier.
Affiche premier concert de l’ExcaFest 2017
Est-ce que le milieu a beaucoup évolué au fil des années ?
I. : J’ai seulement remarqué quelques petits changements. Par exemple, avant j’avais des demandes de slam. Aujourd’hui, je n’en ai plus du tout. La drum’n’bass c’est pareil. Après, ce qui change c’est en fonction des
styles musicaux. Chacun à un public qui lui est propre. J’ai aussi remarqué qu’il y a de plus en plus une scène de musique des îles, de la musique malgache. Ce que j’aime c’est qu’il y a une joie de vivre dans leur musique. Je trouve ça magnifique.
On croit savoir que tu aimerais passer la main. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
I. : J’ai envie de prendre ma retraite. J’aime toujours ce que je fais et je pense que ça se ressent mais je suis fatiguée. Ça va forcément me manquer, j’en suis même persuadée. Il y a plein d’autres choses que j’aime faire et
pour lesquelles je n’ai plus de temps. J’adore lire par exemple, faire des balades en forêt. Il est temps pour moi de passer à autre chose.