À l’occasion de la sortie de son premier EP « Boro d’Enjaillement » chez Highlife Recordings, Puzupuzu incarne une certaine idée du renouveau des musiques électroniques : hybride et décomplexée.
Comment te présenterais-tu en quelques mots ?
Francesco : Dès la première question c’est chaud ton truc. Comme disait David Hume (un srab qui fait de la UK Garage), l’identité personnelle n’est qu’une illusion, à la fois par sa constante évolution et par la relativité de la
perception – sans compter la part de la conscience médiatisée si bien décrite par Kant (un gars qui fait de la techno allemande). Sinon, Francesco, 27 ans, né à Milan, serveur-musicien-bibliothécaire, et globalement plutôt content.
Comment t’es-tu lancé dans la musique ? Quels artistes t’ont marqués ou influencés ?
F. : J’ai commencé par la basse dans un groupe de grindcore. Pour les influences c’est large, Internet ayant un peu révolutionné l’accès et la façon de consommer la musique. Mais en vrac, la tape house, les scènes africaines contemporaines, la beauté dans la répétition, la transe au sens ancien que l’on peut retrouver dans la musique sincère.
Tu as sorti tes premiers titres avec le label Celebration Tape Label que tu as fondé avec Charley Vecten. Pourquoi as-tu choisi de sortir cet EP sur Highlife Recordings ? Qu’est-ce que ça a apporté à ton projet ?
F. : Parce qu’Etienne est trop cool ah ah ! La famille, tout ça.
On te dit influencé par les sonorités africaines de ton enfance (ndrl : Côte d’Ivoire où il a grandi). Peux-tu nous parler un peu plus du titre « Café » où cette influence est très présente ?
F. : Et bien, c’est dur de parler de sa musique, mais j’écoutais beaucoup France le projet de Yann Gourdon à l’époque où je l’ai faite, j’avais envie d’établir un lien entre ces musiques de transes traditionnelles et répétitives et les musiques de transes tout aussi répétitives mais modernes. C’est un peu un morceau rituel.
Avec des collectifs comme la Forge ou Vapeur, on a la sensation qu’il y a une sorte d’effervescence, voire un renouveau des musiques électroniques à Reims. Qu’en penses-tu ?
F. : Déjà, que c’est une excellente chose. Je parlerai même d’une effervescence globale, et d’une sensibilité accrue à ces musiques, le nombre de soirées et de festivals se multipliant, et ces musiques deviennent de plus en plus populaires et comprises du grand public – bien sûr il y a des effets négatifs, comme la marchandisation ou l’appropriation de ces cultures qui étaient avant tout des espaces de liberté, mais j’aime croire que l’amour de ces musiques s’accompagnent d’une ouverture d’esprit simultanée. Et chaque collectif fait un super boulot dans son domaine, on peut aussi parler d’Inner Corner, de Lune, etc… Et on n’est pas dans un état d’esprit de compétition,
mais de collaboration, comme le montre la dernière soirée Outrun au Freaked, où la Cartonnerie a prêté du matériel, Koutch de Lune a fait le son, Antho d’Inner Corner a drivé… Bref, tout le monde se chauffe, c’est la mif.
Crédits photos : Sylvere Hieulle