Il y a quelques mois, Olivier Vaillant et ses collaborateurs, Benjamin Benoit, Damien Buisson et François Malnovic présentaient le Cabaret Brel : un hommage 3.0 à l’artiste flamand désormais iconique. Avec “Mathilde est revenue”, la nouvelle version du spectacle, ils prolongent l’aventure du 20 octobre au 4 novembre à la Comédie de Reims.
Après le « Cabaret Brel » au mois de mai, tu présentes « Mathilde est revenue – Cabaret Brel » cet automne.
Explique-nous-en quoi consiste ce projet ?
Olivier : A l’origine et dans sa continuité, l’idée de ce projet reste d’envoyer Jacques Brel dans un autre décor, une autre époque, une autre histoire, en s’affranchissant de l’interprète, de son esthétique musicale, sans jamais le trahir, mais en lui redonnant une place à nos côtés.
C’est sous la forme d’une pièce musicale et théâtrale, dans une atmosphère un peu sombre et mystérieuse portée par une musique minimaliste aux accents « Lynchiens », que nous avons proposé cette « relecture » de l’œuvre de Jacques Brel au mois de mai dernier. C’est dans la même optique que nous allons la reprendre avec l’intention d’y ajouter la possibilité d’une « expérience » personnelle plus intime, comme certains spectateurs ont pu le vivre lors de la première séance.
A-t-il été difficile de concilier ton approche moderne de la musique avec le répertoire plus classique de Jacques Brel ?
O. : A proprement parler non. Seuls les outils et les techniques ont changé mais l’approche reste empiriquement la même pour la musique, et je dirais même pour l’art en général. Ce qui a été plus ou moins long et compliqué, mais au final tellement riche en enseignements, c’était de libérer les textes de l’empreinte incroyablement puissante et singulière de son interprète originel. Jeux de miroir, mise en abîme, tour de passe-passe, et même jusqu’aux expériences personnelles de transfert psychanalytique… (rires) cela dit, il y a matière avec ce genre d’auteur…
Quelle importance Jacques Brel a-t-il dans ta vie d’artiste ?
O : Un éclairage… un sérieux éclairage je dirais même, sur la vie, sur les hommes, les femmes, les artistes, le rêve, le talent… Une chanson de Brel c’est 10 cours d’éducation civique, et une remise à niveau des idéaux. Même si, comme il le disait, le talent n’existe pas, le talent c’est d’avoir envie de faire quelque chose. Il y a derrière tout ça une incroyable bienveillance à l’égard de l’humain, et paradoxalement une colère nourrie contre tout ce qui est immobile. Alors oui, Brel m’aura aidé à prendre conscience de ma liberté en tant qu’artiste et en tant qu’homme, de
l’importance capitale d’aller conquérir ses rêves, tout en étant prévenu de la difficulté de les vivre.
Est-ce un heureux hasard ou est-ce que vous aviez déjà en ligne de mire la célébration des 40 ans de la
mort de Jacques Brel pour l’année 2018 ?
O. : Non ce n’est pas un hasard, mais ce n’est pas non plus qu’une entreprise opportuniste. Nous nous sommes réunis autour d’une envie commune et d’un choix partagé.
Tu as participé à de nombreux hommages : Bashung, Gainsbourg et aujourd’hui Brel. Penses-tu déjà au prochain ?
O : Non, ce n’est pas ce que je cherche. J’essaye de garder une ligne prioritaire sur la création dans mes activités et
projets futurs avant tout. Cela dit je ne dirais pas non à une proposition bien « ficelée », comme celle que m’a faite Benjamin Benoît sur ce projet. Ce n’est pas seulement l’artiste, mais l’idée, une expérience, en tous cas une proposition originale de lecture. Et pour les artistes, il y en a une paire sur lesquels ça vaudrait le coup de se pencher, c’est clair…
Crédit photo : Romu Ducros
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