Adhérents : Fantai’Zic

Parmi les structures du Grand Est ayant rejoint le Polca ses derniers mois, il y a le label Fantai’Zic. Nous avons donc posé quelques questions à Mathieu, son fondateur, pour mieux connaitre son projet assez original, à savoir défendre les groupes de Metal régionaux avec un concept fort, et sa vision du secteur après plus de 20 ans d’activité.

 

Peux-tu nous présenter le label Fantai’Zic et ses activités ?

Mathieu : Fantai’Zic est un label associatif qui existe en tant qu’entité depuis 1999. Notre créneau est ancré dans le Metal, sous toutes ses formes du Hard Rock au Black Metal le plus extrême. La spécificité c’est que je ne travaille qu’avec des groupes du Grand Est dont les productions sont basées sur un concept. C’est vraiment le concept-album dans le sens le plus « seventies » du terme qui m’intéresse. Ça peut être une véritable histoire très scénarisée ou bien des chansons liées entre elles par un fil rouge ou une thématique bien précise.  Nous avons des albums tirés de romans ou de nouvelles parfois écrites spécifiquement. Ce fut le cas avec Ghost of a blood tie d’ELVARON basé sur une œuvre exclusive de l’auteure Mélanie Fazi qui a gagné le grand prix de l’imaginaire en 2005.  Et dernièrement l’album Watch Your 6 de DUSK OF DELUSION ; un concept album qui nous emmène au cœur de la première guerre mondiale, de la vie de civils et de soldats de diverses nationalités, des états d’esprit inhérents à ce monstrueux conflit.

Dusk of Delusion à L’Autre Canal, Nancy

Comment choisissez-vous les artistes avec lesquels vous collaborez ? Recevez-vous beaucoup de sollicitations ?

M. : En fait le créneau Metal+Concept restreint beaucoup le champ des possibilités. Je suis très sollicité mais les groupes qui me contactent ne prennent souvent pas la peine de prendre connaissance de mes exigences et de ma façon de travailler. Je reçois donc pas mal de choses lancées à l’aveugle, pratiquement une centaine par an. Récemment je suis beaucoup sollicité par des artistes d’Amérique du sud par exemple … alors que je ne signe que des groupes basés dans l’Est. Donc lorsque ça ne correspond pas à mon cahier des charges, je décline. Mais finalement je reçois peu de sollicitations de groupes qui rentrent dans mes cases. Et dans ces cas-là, je ne marche qu’au coup de cœur ou au coup de pouce.

 

On parle souvent de la fidélité et de l’engagement des amateurs de metal. Est-ce qu’il y a la même ferveur avec des groupes et des structures dont la visibilité est plus confidentielle ?

M. : Je ne pense pas. Nous n’avons pas la puissance promotionnelle pour être tout le temps dans l’actualité ou sur les routes, surtout que je ne travaille qu’un à deux albums par an, grand maximum. Les fan-bases des groupes locaux se construisent avec patience à force de concerts et d’interaction. Cependant, sur du local, le public se sent davantage impliqué dans la vie des groupes et l’émulation est plus « réelle » que sur des groupes à rayonnement national ou international. En revanche au niveau des médias c’est assez différent je pense. J’ai pu tisser des relations très pérennes avec un certain nombre de chroniqueurs et d’animateurs radio et c’est vraiment très gratifiant d’être suivi en tant que Label, peu importe les productions.

Cela fait plus de 15 ans que Fantai’Zic existe. Quelles sont les mutations du secteur auxquelles tu as assisté ? Comment as-tu géré ces changements ?

M. : J’ai vu des distributeurs faire faillite, j’ai vu mes références sortir complètement du circuit ; tout cela parce que le virage du digital et les nouveaux modes de consommation de la musique ont pris tout le monde à contre-pied. Je crois qu’il est impossible de faire marche arrière. Les jeunes générations partent du principe que la musique est gratuite et il ne sera pas possible de changer les mentalités.

Je n’ai pas géré ces changements, je les ai subis en passant de quelques milliers d’albums vendus à quelques centaines.

Donc les budgets de production se sont adaptés aussi. Je suis de la vieille école, j’aime le CD en tant qu’objet et je travaille encore comme ça, à l’ancienne, en envoyant des CD promo plutôt que des MP3 aux médias. Je m’adapte comme je peux mais ça ne m’empêche pas de dormir, je suis content de ce que j’accomplis avec le label et que des groupes puissent sortir un disque et se produire sur scène. La musique c’est notre passion et donc tout ce qui se passe avec Fantai’Zic c’est du bonus.

 

Quelles sont les perspectives d’évolutions du label ? De quels soutiens les labels indépendants, comme Fantaizic, auraient besoin pour développer leur(s) activité(s) ?

M. : J’aimerai pouvoir étendre mes perspectives à l’ensemble des groupes français tout en restant sur mon cahier des charges du concept-album. J’ai 4 albums en production en ce moment donc mon calendrier de sorties va s’étendre jusqu’en 2024. En 2025 ça sera les 25 ans de l’album The Five Shires d’ELVARON qui a été notre plus grosse réussite commerciale et je pense sortir un coffret anniversaire regroupant les 3 premiers albums du groupe (3 albums conceptuels dont l’histoire se suit d’un album à l’autre) à cette occasion.

Question soutien, l’idéal serait d’avoir des fonds dédiés à la production qui viendraient de la région, du département et de la ville. De l’aide aux groupes locaux sur des tournées ou des résidences et un vrai circuit de promotion des productions du Grand Est.

 

En savoir plus : http://www.fantaizic.fr/

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