Fiche métier : directeur de salle de concert

Pour mieux connaître le secteur et ses multiples activités, nous mettons en lumière chaque mois un métier ou une fonction des musiques actuelles. Ce mois-ci, nous avons choisi d’interroger Gérald Chabaud, le directeur de la Cartonnerie qui a quitté ses fonctions il y a quelques jours pour prendre la direction du VIP à Saint Nazaire après 14 ans de bons et loyaux services à Reims. Respect.

Prénom / Nom : Gérald
Chabaud
Age : 54 ans 
Structure : La Cartonnerie – Reims
Fonction : Directeur

 

Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?

On parle avant tout d’un métier où il n’y avait pas de formation spécifique à l’époque, mais depuis une dizaine/quinzaine d’années, des formations universitaires dédiées aux métiers de la culture ont vu le jour ce qui rend les choses un peu plus simples aujourd’hui. J’ai été instituteur pendant plusieurs années, période durant laquelle j’ai également été bassiste dans un groupe qui s’intitulait “Les thugs”, pour lequel je me suis investit pleinement car j’ai alors quitté mon poste à l’éducation nationale pour me consacrer de manière plus professionnelle à ce projet pendant un an avant de partir faire le tour du monde pendant deux ans. A mon retour, on me confie le poste
de chef de projet dans une salle de concert à Angers qui deviendra trois ans plus tard “Le Chabada” dont je deviendrais le co-directeur en 1994. En 2000, j’ai répondu à une offre d’emploi de la ville de Reims comme
chef de projet sur une nouvelle structure et c’est alors que trois ans plus tard je suis devenu le directeur de la Cartonnerie.

 

Quel est ton rôle au sein de la Cartonnerie et quels sont tes liens avec les autres métiers ?

Mon rôle au sein de la Cartonnerie a évolué au fil du temps mais il est principalement d’infléchir la politique culturelle et artistique de la Cartonnerie sur une vision à moyen terme. C’est à dire non pas de m’occuper du quotidien mais plutôt de regarder les perspectives et puis bien évidement, en regardant ça et en imaginant les évolutions, il faut bien entendu prendre le temps de” les faire passer” ou de “les vendre” à tous les partenaires, ce qui prend énormément de temps. Je suis le correspondant des partenaires publics et privés et des mécènes. Après il y a les fonctions propres à un directeur que tout le monde peut connaître c’est à dire la responsabilité du personnel, du bâtiment, des différentes licences d’entrepreneur du spectacle, de la licence du débit de boissons, etc.

 

Es-tu en contact avec du public ?

Tous les soirs de concerts où je suis là. Je ne suis pas là à tous les concerts, disons deux concerts sur trois. La
particularité de la Cartonnerie vient aussi du fait que les portes de bureau de tout le monde sont toujours ouvertes ! Ce qui me fait penser qu’un jour quelqu’un m’a dit : “La Cartonnerie, c’est un peu comme un moulin, ça rentre, ça sort” mais c’est ça qui rend les choses agréables. Le fait de ne pas être enfermé dans une tour d’ivoire et de pouvoir recevoir, rencontrer, les musiciens, les associations, les porteurs de projets et puis les gens dans le public les soirs de concert qui parfois viennent me parler ou engagent la conversation. Ce contact rend les choses beaucoup plus sympathiques et permet de me renvoyer un feedback sur ce qui se passe à la Cartonnerie. Si je n’avais pas de contact avec le public, je risquerai pour ma part d’être totalement déconnecté des activités de la structure et de purement les intellectualiser sans voir ce qu’elles produisent réellement sur le terrain.

 

Quelles difficultés as tu identifié dans le cadre des tes fonctions ?

Ce que l’on peut en dire en règle générale c’est que je fais un métier extraordinaire et formidable mais ce n’est pas le monde Oui-Oui non plus ! Il ne faudrait pas s’imaginer ça. Tout comme le poste de programmateur dans une salle de concert qui est un poste très envié et très compliqué. Quand on est directeur, c’est assez simple : au moindre problème on se prend tout en ligne de mire et puis on en assume évidemment la responsabilité, que ça aille
bien ou mal. On n’a pas forcément en face de soi des gens bienveillants ou aimables mais il faut faire avec ! Ce n’est pas la partie la plus agréables du métier mais les difficultés sont assez nombreuses, d’autant plus que nous sommes dans une société qui se complexifie et dont la réglementation et la législation s’alourdissent. Il faut toujours faire très attention à tout. Par manque d’attention, on peut vite se retrouver dans des situations très compliquées
et peu souhaitables. J’ai déjà eu quelques coups de vents à supporter mais on se dit toujours qu’après il fera beau et que la mer sera calme ! (rires)

 

Qu’est ce que tu apprécies le plus dans ton travail au quotidien ?

Ce que j’aime c’est que ce n’est jamais la même chose ! Public différent, concerts différents, activités différentes… C’est un travail qui permet toujours d’imaginer de nouvelles choses, d’avoir des idées et d’essayer de les mettre en place. Ce n’est pas toujours possible mais en tout cas on peut se battre pour essayer de les concrétiser. Ma plus belle victoire c’est d’avoir réussi à poser le festival Elektricity devant le parvis de la Cathédrale alors que tout le monde pensait que je n’y arriverais pas, y compris la ville de Reims qui n’avait jamais réussi à poser une simple patinoire pour la période de Noël. Et quand je les ai appelé pour leur dire que j’avais finalement eu l’accord, ils n’en
revenaient pas !  Mon métier consiste à transformer le rêve en réalité, ça ne marche pas toujours mais suffisamment pour qu’on continue à rêver et à imaginer de nouvelles choses.

 

Quelles sont tes perspectives d’évolutions ?

Le poste de directeur ne peut pas prendre une autre orientation que d’aller trouver un nouveau challenge et d’aller poser ses valises sur un nouveau projet, ce que je suis en train de faire à Saint-Nazaire dans un projet de festival et de salle de concert. Je reste dans la même filière musicale mais je me relance dans un très beau projet dans lequel il me semble avoir identifié des points de rêves possibles et donc d’essayer de les transformer en réalité là aussi. Je serai donc le nouveau directeur de l’association Les Escales qui gère à la fois un festival axé sur les musiques du monde, qui se situe sur une petite ile au centre de Saint-Nazaire et une salle de concert qui s’appelle le VIP qui est dans la base sous-marine au même endroit.

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