Pour mieux connaître le secteur et ses multiples activités, nous avons choisi de mettre en lumière chaque mois un métier ou une fonction des musiques actuelles. Ce mois-ci, nous avons rencontré Jean-Christophe Urbain, animateur socioculturel au sein de l’association des maisons de quartier de Reims – Pôle Sud Musique.
Prénom / Nom : Jean-Christophe URBAIN
Age : 29
Structure : Pôle Sud Musique (Association des Maisons de Quartier)
Fonction : Animateur Socioculturel
Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?
J’ai un parcours universitaire qui mélange le social et le culturel. J’ai commencé par un DUT Carrières Sociales option Animation socioculturel. Etre animateur socioculturel était donc ma première ambition. Pendant ce cursus, j’ai pu effectuer différents stages, une première expérience en centre social et une deuxième dans une association d’action culturelle lilloise (Rock In Fâches). Féru de musique depuis mon plus jeune âge, cette dernière expérience m’a donné envie d’approfondir mon savoir et mes compétences dans le milieu du spectacle. J’ai donc poursuivi mes études en Licence Pro Management et Administration des Entreprises Culturelles. Parallèlement à la théorie, j’apprenais les rudiments du métier sur le terrain en intégrant, en tant que bénévole, l’association Caktus. A la fin de mes études, il était difficile de trouver un poste dans la culture alors je suis revenu au social en travaillant comme coordinateur de projet à la Mission Locale. Un an plus tard, j’intégrais l’Association des Maisons de Quartier en tant qu’animateur socioculturel avec une compétence spécifique Musique. Ce poste rassemble toutes les valeurs pour lesquelles je me suis construit tout au long de mon parcours personnel et professionnel.
Quel est ton rôle au sein de Pole Sud Musique et quels sont tes liens avec les autres métiers ?
Mon rôle au sein de Pole Sud Musique est de développer le réseau musiques actuelles amateurs des maisons de quartier de Reims dans une démarche d’Education Populaire. C’est-à-dire, utiliser les outils mis à notre disposition (studio de répétition, salle de spectacle, professionnels de la musique…) comme un moyen éducatif, d’ouvrir les horizons artistiques des publics et non comme un simple acte de consommation culturelle. Mon but est de permettre la transmission des savoirs et des compétences entre associations, entre musiciens et en direction des publics (notamment du jeune public) des maisons de quartier à travers différentes actions menées tout au long de l’année (concerts de coréalisation avec des associations, l’accompagnement de groupes de musique avec le Looper Tour et des événements de médiation et de sensibilisation auprès du jeune public). Je suis régulièrement en lien avec Guillaume Gonthier, chargé de l’accompagnement à La Cartonnerie, ainsi qu’avec Etienne Bouzy, chargé du kiosque par rapport à l’accompagnement du Looper Tour, véritable passerelle entre le monde amateur et le monde professionnel. Je suis aussi à l’écoute de mes collègues animateurs des maisons de quartier pour développer avec eux des projets musicaux en lien avec leur public.
Es-tu en contact avec du public ?
Bien sûr, c’est essentiel ! Il y a différentes façons pour moi de renter en contact avec le « public ». Soit une association, un groupe vient me voir directement à mon bureau pour me faire part de son projet, de son ambition ou des ses difficultés. Ou bien lors d’une rencontre hasardeuse le soir d’un concert où je me serai déplacé pour discuter autour d’un verre ou deux, avec modération bien sûr !. Ou encore avec des habitants lors d’une fête de quartier, de partager un moment loisir dans un club ado, de voir les groupes lors d’une répète dans un studio… Ma particularité est de n’appartenir à aucune Maison de Quartier, mon profil est transversal dans toute la ville de Reims. Je suis donc une forme d’électron libre de la musique dans le paysage amateur rémois.
Quelles difficultés as tu identifié dans le cadre des tes fonctions ?
La plus grande difficulté et c’est le nerf de la guerre, c’est d’avoir un financement viable sur le long terme pour assurer notre projet. Mais ceci n’est pas forcément un obstacle à notre démarche. J’utilise souvent le « troc » avec les groupes en leur mettant à disposition toutes les conditions techniques qu’ils recherchent en échange d’une représentation ou d’ateliers de pratiques instrumentales. On ne travaille pas non plus dans des locaux des plus neufs ! Beaucoup de maisons de quartier deviennent vétustes et ne sont plus adaptées aux musiques actuelles. Mais dans ces maisons, il y a un supplément d’âme qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. La musique a beaucoup évolué ainsi que sa pratique. Aujourd’hui il est de plus en plus difficile de la transmettre et sa pratique devient de plus en plus individuelle.
Qu’est ce que tu apprécies le plus dans ton travail au quotidien ?
Ce que j’apprécie le plus dans mon travail c’est de voir l’évolution des groupes pendant le Looper Tour. Le lien que je peux créer avec eux humainement et ce que je peux leur apporter professionnellement. C’est aussi de voir un festival comme Boule de Noyse en être à sa quatrième édition, un événement coréalisé avec micr0lab qui promeut la musique expérimentale auprès du plus grand nombre. Ou encore voir un enfant s’éclater sur une guitare ou être émerveillé lors d’un concert.
Quelles sont tes perspectives d’évolutions ?
Je m’épanoui pour l’instant totalement dans ma mission. J’ai la chance de faire de ma passion mon métier. Toutes mes activités parallèles nourrissent mon raisonnement professionnel. Je suis aussi guitariste dans le groupe ISaAC, membre anormal dans plusieurs associations déficitaires depuis presque toujours, je crée des évènements avec des collectifs d’amis de la musique… Tous, musiciens ou passionnés, rêvent de partir un jour en tournées, de jouer dans les plus beaux sous-sols de France devant 3 personnes, de sortir des vinyles que personne n’écoute et d’organiser des concerts ou personne ne vient. Non ? Pour moi, c’est mon ambition la plus profonde.
Crédit photo : Black Ghost